Les figures historiques du Bocage mayennais. L'abbé Paul Laizé, une vie dévouée aux démunis

Paul Laizé naît à Fougerolles-du-Plessis le 5 novembre 1905. Son père, Alexandre, est sabotier et coiffeur, sa mère, Marie-Paul Bançais, épicière.

Il commence sa scolarité à l'école de Fougerolles. Il entre ensuite au petit, puis au grand séminaire de Laval. Il est ordonné prêtre en 1930. Il est nommé vicaire instituteur à Montsûrs. En 1933, il est professeur de philosophie et de latin-grec à l'Immaculée Conception à Laval, puis au lycée privé de la Haute-Follis.

Se tourne vers les exclus

Un dimanche de 1940, on lui demande de célébrer une messe chez les réfugiés massés dans les baraquements du Champ de Courses. Devant une telle misère, il fait fi d'un office en latin et dit les prières en français, devançant ainsi de vingt-deux ans les décisions du concile Vatican II. Paul Laizé décide de se tourner vers les exclus et les démunis.

En 1944, à la suite des bombardements, il aide au relogement des sans-abri. En février 1954, alors qu'il construit quatre petites maisons boulevard des Trappistines, il entend l'appel de l'abbé Pierre. Il prend contact avec lui et le fait venir à Laval en mai, où 3 500 personnes viennent l'écouter. La quête réunit 300 000 francs : le père Laizé peut terminer son chantier.

Il crée l'association PAUL

Cette année-là, Paul Laizé quitte définitivement l'enseignement et crée en mars l'association PAUL (participation à l'urbanisme lavallois). Il demeure 12 bis rue Solférino, où il héberge des sans-abri. En 1959, il installe les Chiffonniers d'Emmaüs dans une usine désaffectée rue Dubois-Fresnay. Après son appel et celui de ses amis, les Mayennais se mobilisent et, le 10 janvier 1960, 450 tracteurs et autres véhicules entrent dans Laval chargés de ferraille. Quelques jours plus tard, l'abbé Pierre revient en Mayenne.

À Évron, les abbés Pierre et Paul, aux côtés du maire, Raoul Vadepied, voient défiler 200 tracteurs débordant de ferraille. Le père Laizé récupère ainsi 4 millions d'anciens francs qui lui permettent de construire les 24 pavillons de la Cité Emmaüs. En 1969, il crée le centre d'aide par le travail pour handicapés Robida (CAT) à Port-Brillet, en 1972 le CAT Ionesco à La Chapelle-Anthenaise et en 1973 le CAT du Ponceau à La Selle-Craonnaise. Il est également à l'origine du premier foyer logement pour personnes âgées à Port-Brillet.

En 1988, très fatigué, il utilise ses dernières forces pour la communauté d'Emmaüs en achetant le cinéma Rex et la ferme de la Chevalerie à Villiers-Charlemagne. L'abbé Paul Laizé décède à Laval le 10 juillet 1988. Il fait don de son corps à la science. Mais il n'a pas été oublié par Laval, qui a donné son nom à une rue, par son église qui a apposé une plaque de marbre en son honneur et par sa paroisse de naissance où un panneau dans l'église nous rappelle sa mémoire.