La voix est éraillée, le regard encore humide. Les mains, elles, sont restées un long moment sur la tête, figées dans la stupéfaction. Comme si le corps cherchait à convaincre l'esprit que non, il ne rêvait pas.
Le rêve d'un gamin mayennais
Samedi soir, à Francis-Le-Basser, Ethan Clavreul, 19 ans, a vécu ce que tous les gamins mayennais biberonnés au ballon rond imaginent un jour : entrer en jeu avec le maillot du Stade lavallois. Et marquer. Pas demain. Pas plus tard. Là, tout de suite, pour sa première apparition en Ligue 2, sur son deuxième ballon touché.
Un corner de Julien Maggiotti, une déviation au premier poteau, le ballon qui traîne. Clavreul surgit, hanche en avant. "C'est un peu dévié, un peu touché… Je la prends de la hanche et elle rentre dedans", sourit-il. Et puis, plus rien de net. Juste une vague de bruit, assourdie, comme filtrée par l'émotion. "En fait, j'entends un bruit… mais c'est sourd. Tout est remonté. Je me suis dit que ça fait 10 ans que je suis au club. Dix ans que je rêve de ça."
Une explosion d'émotions
Le stade explose, lui reste planté là, mains sur la tête, incrédule. Il repense à ses 9 ans, à ces soirs passés en tribune, à regarder les pros avec des yeux grands comme des phares. Il revoit aussi sa famille, rentrée plus tôt de vacances exprès pour ce match. Pas de sortie au Deluxe ce soir pour Ethan, ni au Donjon. "Je crois que je vais rentrer chez moi. Toute ma famille est à la maison." Ce soir, elle est là, témoin du rêve devenu réalité.
Et dire que quelques heures plus tôt, il pensait encore vivre le match du bord de la pelouse. "Hier, quand j'ai vu le groupe, je me suis dit : je vais être 19e. Pas trop stressé. Mais à l'échauffement, Koko (Williams Kokolo) se blesse… et là je me suis dit : je suis peut-être dans le vif du sujet. Après, une fois sur le terrain, plus de stress." À la 83e minute, il entre. Quatre minutes plus tard, il marque. La célébration est brève. Ses coéquipiers le rappellent à l'ordre. "Ils m'ont dit : reste concentré, ce n'est pas fini. Il y a 3-3 et s'ils marquent le quatrième, c'est fini."
Intégré au groupe pro, prêt à saisir sa chance
Depuis six semaines, le jeune homme vit au rythme des pros, après avoir intégré la préparation estivale. Statut amateur, mais déjà accueilli comme l'un des leurs. "Les gars m'ont accueilli comme si j'étais leur enfant ou leur meilleur ami. C'est plus qu'une équipe, c'est une famille." Lui, le polyvalent qui accepte de jouer partout. "On me fait jouer où le coach veut. Je prends tout ce qu'il y a à prendre."
Dans quelques jours, il faudra redescendre de son nuage. "Le plus dur commence. Dès lundi, on repart pour préparer Grenoble. En espérant enchaîner les matchs… et pourquoi pas, un jour, une titularisation." Mais ça, ce sera pour lundi. Ce soir, Ethan Clavreul a marqué en Ligue 2 pour son club formateur. Et il n'en revient toujours pas.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.