Le temps n'altère pas le savoir-faire. À Sainte-Suzanne (Mayenne), les secrets du papier sont bien gardés. Sa qualité aussi. Arrivé « par hasard » dans ce monde il y a quatre ans, Olivier Seux passe ses journées dans le moulin. « J'ai découvert cet univers. C'est devenu une passion. Il y a côté artistique. Chaque feuille est unique. On peut varier l'épaisseur, la taille... Il y a tellement de choses à apprendre », se réjouit-il.
Chaque jour, il se plonge autant de fois dans l'histoire qu'il plonge sa forme (en photo ci-contre) dans la cuve, où chiffons et eau se mélangent. « Nous fabriquons selon la méthode italienne utilisée entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, soit l'âge d'or du papier. Depuis, la fabrication n'a fait que de se dégrader. »
« Le vrai savoir-faire réside dans la préparation de la pâte »
En quatre ans, Olivier Seux a beaucoup appris avec le maître papetier, son beau-père, Charlie Robert. « Je suis autonome sur les neuf étapes qui amènent à la feuille finale. Le vrai savoir-faire réside dans la préparation de la pâte : sélection des chiffons, son grammage (poids de pâte divisé par eau), son temps de repos, son épaisseur. Cela nécessite de l'expérience pour savoir quelle pâte permettra de faire tel papier. Je l'acquiers de jour en jour auprès de mon beau-père qui a 35 ans d'expérience. »
Un métier ancien, presque oublié, dont le leitmotiv est revenu à la page : l'écologie. « On ne fabrique qu'en fonction des vieux draps ou chiffons en coton, lin ou chanvre que nous apportent des gens. On les défibre pour récupérer la cellulose. C'est un papier écologique. Notre consommation d'eau est raisonnée. Le rapport au temps est différent aussi. Une feuille représente environ un mois de travail. » Le moulin de Sainte-Suzanne est le dernier à fabriquer sa propre pâte.
Des machines d'époque
Si les technologies ont évolué, Olivier Seux et Charlie Robert sont des puristes. Ils utilisent les machines d'époque. L'une d'elles, la pile à maillets, qui permet de broyer des morceaux de tissus, est en rénovation depuis huit mois. Le développement de nouveaux styles d'écritures, comme le stylo à bille, n'a rien changé. « L'évolution des techniques se prête bien à notre papier. »
La qualité est au centre des préoccupations. Entre 25 000 et 30 000 feuilles avec une odeur et une apparence particulières sortent du moulin chaque année. « C'est un support d'écriture qui dure dans le temps. Il peut être utilisé pour l'art graphique : pastel, aquarelle. Pour des faire-part. On est sollicité pour des arbres généalogiques aussi », conclut Olivier Seux, déterminé à perpétuer la tradition.
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