A l'invitation de Femmes Solidaires 53, devant 170 professionnels de l'enfance, de la psychologie et de la justice, la docteur en psychologie clinique Karen Sadlier a évoqué les conséquences de violences conjugales pour les enfants.
Pourquoi avez-vous spécialisé vos travaux sur les enfants exposés aux violences conjugales ?
J’ai toujours travaillé avec des enfants. Et j’ai remarqué qu’ils étaient de plus en plus nombreux à évoquer des violences entre leurs parents. Des psychologues de l’enfance canadiens se sont penchés sur le sujet depuis 70 ans. Avec le Dr Maurice Berger, nous avons co-édité quelques livres qui poursuivent ces recherches.
Le travail de terrain avance
C’est un sujet qui est particulièrement d’actualité...
Ce sont des maux et des souffrances qui ont toujours existé, mais c’est en effet un sujet qui est devenu d’actualité. Parce que le travail des professionnels sur le terrain avance, parce que le mur du silence se brise, parce que la législation avance.
Quels sont les risques et les souffrances que provoquent ces violences conjugales vis-à-vis des enfants ?
Dans 80 % des cas de violences conjugales, les enfants sont témoins auditifs ou oculaires. Dans 60 % des cas, il y a des incidences sur le développement post-traumatique des enfants. De nombreux actes de violence interviennent dès le deuxième trimestre de la grossesse. Evidemment, il peut y avoir des incidences graves sur le développement du fœtus.
75 % des violences conjugales interviennent sur un sujet lié à l’éducation de l’enfant, avec des conséquences que l’on peut imaginer pour l’enfant lui-même qui pourra développer un sentiment de culpabilité.
Les garçons et les filles ne réagissent pas de la même manière
Quelles pourront être les conséquences pour les enfants ?
Des traumatismes parfois graves, qui risqueront même de les suivre jusque dans leur vie d’adulte. Ils pourront avoir des difficultés à devenir eux-mêmes parents. Les garçons et les filles ne réagissent en général pas de la même manière. Les garçons pourront avoir des comportements agressifs, alors que chez les filles, la souffrance pourra s’exprimer par une grande tristesse.
Des thérapies peuvent-elles être mises en place ?
Oui. Il y aura tout un travail de spécialité traumatique. Il y aura en parallèle tout un travail éducatif : apprendre à discerner la violence, l’interdit, travailler sur la gestion des émotions, sur la négociation, et aussi les aider à obtenir du soutien de la part des adultes mais aussi des jeunes de leur âge.
En échangeant avec les professionnels, avez-vous remarqué une situation particulière en Mayenne ?
Pas sur l’état des lieux des violences et des souffrances qui leur sont liées.
Mais j’ai remarqué qu’ici, les professionnels de l’enfance, de la psychologie et de la justice semblent avoir une façon intelligente de travailler ensemble. Ce qui est un précieux temps gagné.
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