Laval. L'île de Giovanni

L’animation est un style idéal pour retracer une histoire dramatique.

En août 1945, dans la petite île japonaise de Shikotan, Junpei et son petit frère Kanta, vivent paisiblement avec leur grand-père, leur père étant chargé de la défense de l’île. Le 15 août, les habitants apprennent par la radio, de la bouche de leur empereur, la reddition du Japon. Tout le monde attend, avec frayeur, l’arrivée des Américains, mais ce sont les Soviétiques qui débarquent. Quand les familles des soldats soviétiques arrivent, une cohabitation plus ou moins amicale commence entre les habitants et ces derniers.  

Cette adaptation d’une histoire authentique retrace un événement peu connu des Européens : l’occupation de territoires japonais, avec la bénédiction des Alliés. En racontant à hauteur d’enfants cette histoire, Mizuho Nishikubo, qui a dirigé l’animation sur les films de Mamoru Oshii (Ghost in the Shell), signe un joli film, aux dessins pleins de grâce et de poésie. Si certaines ruptures de style dans le graphisme sont un peu déroutantes,  la délicatesse du trait, comme les jolies expressions des visages des enfants, apportent beaucoup de fraîcheur et de légèreté à cette sombre histoire. Et les envolées oniriques du train, issues du livre Train de nuit dans la Voie lactée, de Kenji Miyazama, qu’affectionnent les enfants, permet au rêve d’éclairer cette tragique page d’histoire.

À travers cette amitié entre les petits héros japonais et la fillette russe, le film plaide pour l’amitié entre les peuples, au-delà des différences de culture et de langue. À l’image de ce chant traditionnel, interprété en russe dans une classe, en japonais dans l’autre, qui finit par unir les enfants. La scène de l’irruption des soldats russes dans la salle de classe est très émouvante, et elle met en valeur le courage de l’institutrice.