Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ?
Depuis qu'il y a eu les annonces de suppression de postes et de lits, on se sent sur la sellette. Dans le secteur où nous travaillons, nous avons perdu quatre postes d'infirmiers sur seize et une aide-soignante sur quatre, un quart des effectifs depuis le mois de septembre. Face à cela, il y a une baisse de cinq lits, officieusement.
Quelles répercussions ont ces suppressions de postes ?
Il y a des tranches courtes où on peut se retrouver à deux pour gérer le service. Comment à deux peut-on gérer 21 patients ? Ce sont des patients qui demandent plus de surveillance. Nous sommes dans un service fermé. Cela nécessite une présence et une disponibilité importante. Pour fonctionner, il faut au moins être trois. Pour aller dans la chambre d'isolement par exemple, le protocole prévoit deux infirmiers à l'intérieur et un troisième à l'extérieur pour donner l'alerte au cas où. On pouvait aussi aller en renfort sur d'autres services de psychiatrie.
Quels sont les risques encourus si vous ne pouvez pas gérer tous les patients ?
On ne va pas pouvoir gérer l'état d'agitation. Le patient peut alors se blesser, blesser un autre patient ou nous blesser.
Avez-vous déjà craint pour votre sécurité ?
Ça nous est déjà arrivé d'appeler les forces de l'ordre. Mais non, jusqu'à présent, on a eu la chance qu'en général, quand un ou deux patients sont en crise, les autres diffèrent la leur. Mais on s'inquiète surtout du soin qu'on peut donner. Si on ne peut pas donner le soin qu'on doit aux patients, ça va être dur à tenir sur la longueur. Cette satisfaction d'avoir donné le bon soin, c'est ce qui nous fait avancer.
Certains justement n'avancent plus. L'absentéisme est plus important cette année. Cela pèse aussi sur l'organisation ?
On fait des efforts, on comble les trous, on pallie les arrêts. On nous dit : “Arrangez-vous”. On se dit qu'on ne va pas laisser les collègues à deux alors on retourne au boulot. Et ça crée des tensions dans les équipes parce que pourquoi ce serait plus à lui ou à lui de revenir. Cette année, ça a été compliqué. On arrive à saturation.
Vos familles vous reprochent-elles vos absences de la maison ?
Ils sont habitués depuis le temps. Mais, cette semaine, on m'a demandé : “C'était quoi ton jour de repos cette semaine ?”.
Retrouvez également notre dossier complet dans Le Courrier de la Mayenne, paru ce jeudi. Le directeur de l'hôpital de Laval s'exprime également. La question de la santé a aussi mené à la création d'une association d'usagers.
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