Le 15 juillet, lors d'une allocution solennelle, le Premier ministre a énuméré les principales mesures qu'il envisage pour le budget 2026. Gel des prestations sociales et des retraites, réduction de postes dans la fonction publique, contraction des dépenses de santé, suppression de deux jours fériés : ce catalogue, présenté comme un "moment de vérité", a déclenché des vagues de commentaires et de polémiques.
Pour le moment, les citoyens-contribuables peuvent garder leur sang-froid pour deux motifs qui paraissent contradictoires : rien n'est joué, tout est joué. De fait, rien n'est joué dans le détail. Tous les groupes de pression économiques et financiers, toutes les organisations professionnelles et tous les syndicats vont multiplier les interventions discrètes auprès du gouvernement et les déclarations fracassantes pour obtenir une réduction de la pression fiscale, des aménagements dans les suppressions de postes, une augmentation des dépenses de santé... On y verra plus clair début septembre, et surtout début octobre après les premières mobilisations syndicales.
On y verra encore plus clair si l'on s'intéresse aux décisions prises à Bruxelles et aux réactions de la Commission européenne. Car, sur le plan général, tout est déjà joué. Depuis quinze ans, aucun dirigeant de droite ou de gauche n'ose avouer en public que toute la discussion budgétaire est encadrée et étroitement contrôlée par un système supranational. Cela s'appelle le Semestre européen. Les textes qui le définissent sont faciles à trouver, mais décourageants car ils sont très longs et rédigés en langue de bois.
Il faut cependant retenir que les États membres de l'Union européenne sont obligés de respecter les objectifs et les contraintes fixées par la Commission européenne par exemple pour réduire le déficit budgétaire par la réduction de la protection sociale. Si les États ne respectent pas ces contraintes, ils sont poursuivis pour déficit excessif. Ainsi, la France a soumis ses intentions budgétaires en avril, la Commission lui a fait connaître ses décisions en mai et le gouvernement sera tenu de respecter les avis de Bruxelles lors de la discussion budgétaire. En cas de motion de censure, l'équipe qui succédera au gouvernement Bayrou sera soumise aux mêmes contraintes.
Sauf grand mouvement de protestation populaire, les jeux sont faits.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.