Les premières réactions se réfèrent à des enjeux de proximité dans la perspective des élections municipales prévues en mars 2026. On pourrait penser que c'est prendre le problème par le petit bout de la lorgnette quand on sait que le sujet est international et met en jeu la géopolitique. C'est bien la raison pour laquelle les deux hauts fonctionnaires qui ont coordonné ce rapport sont un ancien préfet et un ex-ambassadeur. Ce dernier, grand spécialiste du monde arabe, a servi à la fois aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite, en Libye, Tunisie et Algérie, Alger ayant été son dernier poste avant la retraite en 2023. Il était donc particulièrement qualifié pour expliquer les évolutions survenues dans l'islam politique au moins depuis les "printemps arabes" de 2011. Les expériences successives d'islam politique à travers les élections se sont partout soldées par des échecs retentissants avec un retour à l'autoritarisme dans les deux pays emblématiques des printemps, la Tunisie et l'Égypte. Plus marquant encore le revirement de l'Arabie saoudite sous le prince héritier Mohammed Ben Salman qui a pris ses distances en 2021 avec le wahhabisme, forme la plus rigoriste de l'islam. La Jordanie vient d'interdire les Frères musulmans le 23 avril dernier, alors qu'il est essentiellement palestinien et qu'il formait le premier groupe parlementaire à Amman.
La querelle de leadership au sein du monde arabe a opposé frontalement les Émirats arabes unis (EAU) et le Qatar, ce dernier ayant été boycotté pendant plusieurs années pour avoir abrité chez la chaîne Al Jazeera les "télécoranistes" radicaux. Les EAU étaient à l'origine d'un lobbying auprès de Londres qui abritait le siège des Frères en Europe, qui migrèrent en 2015 vers l'Autriche avant de s'y faire interdire en 2021. Le rapport souligne à juste titre le lobbying qui pèse sur le Parlement européen à Bruxelles. Les révélations sur le "Qatargate", vaste opération de corruption de parlementaires notamment belges et italiens, ne sont que la partie émergée de l'iceberg.
La question de l'interdiction des Frères musulmans, ou des associations qui en relèveraient, se posera donc au niveau européen. Donald Trump la préemptera sans doute car le sujet de l'inscription des Frères sur la liste des organisations terroristes a été évoqué lors de la tournée du président américain en Arabie saoudite et aux Émirats.
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