Laval. L'urgentiste Caroline Brémaud dévoile les coulisses de son métier et dénonce l'hôpital public

Après avoir sorti son livre Etat d'Urgences le 2 mai, l'ancienne urgentiste de l'hôpital de Laval continue de dénoncer les conditions de travail et d'accès aux soins dans les hôpitaux. Dans une interview de la chaîne YouTube Hugo Décrypte publiée lundi 18 mai, la médecin explique les raisons qui l'ont poussée à écrire ce livre.

Ancienne chef du service des urgences à l'hôpital de Laval, Caroline Brémaud est devenue le porte-étendard de l'hôpital après avoir lancé une grève des soignants en 2021. Quatre ans plus tard, l'urgentiste publie Etat d'Urgences pour dénoncer les conditions de travail et d'accès aux soins. "Le témoignage est plus fort que les chiffres, pour parler de santé, il faut incarner les morts et la détresse", expose la Lavalloise. Quoi de mieux que des récits de témoignages forts pour montrer ce qu'il se passe réellement dans les hôpitaux et alerter les pouvoirs publics ?

La tarification à l'activité mise en cause

Pour expliquer les raisons qui ont conduit à la dégradation des soins de santé dans les hôpitaux, la médecin pointe du doigt en partie la tarification à l'activité (T2A). Mise en place dans les établissements de santé depuis 2004, la T2A instaure un tarif pour chaque soin. "La T2A pousse à la rentabilité et fait perdre le côté humain de la santé", argue Caroline Brémaud. Ancienne chef du service des urgences, la soignante décrit un service à bout de souffle où des drames peuvent survenir à cause du temps d'attente et de la saturation de patients. En France, en 2023, il faut attendre en moyenne trois heures avant de pouvoir être diagnostiqué par un urgentiste. "Choisir c'est renoncer, alors quand il n'y a pas d'équipe médicale, des patients décèdent."

Quelles solutions mettre en place pour résoudre cette crise de la santé ? "Il faut créer des emplois, remplacer des postes vacants de médecins", lance la médecin. La rémunération entre différentes spécialités de médecine est aussi mise en question : "Il faut instaurer des salaires plus égalitaires. Pour certains spécialistes, leurs impôts annuels correspondent à mon salaire annuel."