Justice. Crime à Saint-Pierre-des-Nids : la première journée du procès

La femme qui se tient dans le box des accusés est aujourd'hui âgée de 66 ans. Durant cette première journée, elle n'a que rarement l'occasion de s'exprimer mais pourtant la Cour entend quelqu'un qui répond intelligemment et clairement aux questions du président. Elle a le visage terni par des années d'addiction à l'alcool et tout le procès va tourner autour de ce fléau qui a fait d'elle un assassin.

Rencontre en séjour de désintoxication

C'est d'ailleurs ainsi qu'elle avait rencontré la victime, un quadragénaire côtoyé lors d'un séjour de désintoxication à l'hôpital. Ils ont fait un bout de chemin ensemble dans une petite maison située à 10 km de Saint-Pierre-des-Nids. Elle passe beaucoup de temps au téléphone, chargée de récupérer des financements pour une télévision privée et à tendance politique. Le président semble impatient de lui faire dire ses préférences dans le domaine et l'on apprendra un peu plus tard que la sexagénaire fut élue du Front National à Pontoise.

Quantité de bouteilles de vodka

Tandis que son ex- compagnon semblait avoir réussi à s'éloigner de l'alcool, la femme continue de vider plusieurs bouteilles de vodka par semaine, auxquelles s'ajoutent les cubis de vin et les cannettes de bière. Alors, ils s'éloignent l'un de l'autre et l'homme finit par prendre un appartement dans le bourg. Mais, ce 11 Janvier, ils se retrouvent de nouveau ensemble. Les appels téléphoniques précédant le jour des faits ont été nombreux : 79 dira le gendarme à la barre, mais impossible de dire qui a cédé. Les démons reviennent hanter la Moussardière, nom de la maison qu'elle occupe,  et les bouteilles de vodka se vident, la violence verbale devient l'unique communication entre les ex-compagnons.

Elle monte dans son dressing

L'homme est-il violent le premier ou bien Madame cherche-t-elle ainsi à justifier la gravité de son geste fatal ? Elle monte se réfugier dans son dressing et lorsqu'il apparait, elle se saisit du vieux fusil Imbert hérité de son grand-père et tire une cartouche dans la hanche et l'abdomen de son ancien partenaire.

Le procès qui suit ne va pas chercher la coupable qui n'a jamais fait la moindre difficulté devant les enquêteurs, mais la Cour devra se prononcer sur les causes de ce drame et sur l'enchainement des faits.

Dépositions et expertises

C'est ainsi que la première journée est consacrée aux dépositions des gendarmes et des pompiers qui sont intervenus sur les lieux, puis la Cour entendra les experts légistes, toxicologue et en balistique. La soirée voit les premiers témoins déposer. L'un d'entre eux est paralysé par ce qui l'entoure et même l'Avocat général, en descendant de son estrade et en adoucissant sa voix d'habitude si forte, n'arrivera pas à le rassurer.

Les débats ont repris ce mardi 16 janvier 2024 dès 9h.