Série d'été (3/4) - La santé mentale des entraîneurs. Jimmy Courtin, une pause pour mieux repartir

"Le moment où j'ai senti que ça n'allait pas, c'est lorsque je me suis pris la tête avec l'un de mes joueurs, je n'ai pas réussi à gérer mes émotions." Jimmy Courtin est un entraîneur bien connu des bancs mayennais. Après avoir débuté à Contest/Saint-Baudelle en 2013, il a entraîné L'Huisserie, les U19 de Bonchamp ou encore Château-Gontier qu'il a quitté il y a un an.

Une lassitude complète du métier

La raison de ce départ a tout simplement été le besoin de couper avec le monde du football. " J'ai eu une lassitude complète du métier d'entraîneur, surtout dans le monde amateur où il faut gérer tes 35h au boulot, gérer tes entraînements plus tous les messages que tu reçois des joueurs la journée, raconte Jimmy Courtin. J'étais en perdition mentale mais en tant qu'entraîneur on ne le voit pas. Je savais que j'avais une grosse charge mentale mais je ne la prenais pas en compte parce que la passion prenait le dessus."

Sa prise de tête avec l'un de ses joueurs a été l'élément déclencheur de sa prise de conscience : "J'ai senti un point de non-retour et qu'il fallait que j'arrête. Je suis parti en vrille alors que je n'avais jamais eu cette attitude durant plusieurs années. Ce n'était plus moi, ce n'était pas l'entraîneur que je voulais être."

"Presque deux temps plein"

Contrairement aux entraîneurs du monde professionnel, la plupart des coachs au niveau régional ne sont pas à temps plein. Leur fonction ne se résume pas seulement à animer l'entraînement et à être présent sur le banc le dimanche. Entre la préparation des séances la semaine, les causeries, les sollicitations des joueurs, des membres du club etc., l'emploi du temps est bien chargé. "J'avais presque deux temps pleins. À un moment donné, tu craques car tu sais que tu es en manque de concentration dans un des domaines. Le football prenait le pas sur mon domaine pro la journée. Parfois, je prenais du temps pour les séances et répondre à mes joueurs, que ce soit par téléphone ou texto, sur mon temps de travail", raconte-t-il.

La vie personnelle du Mayennais a aussi été impactée. "À la maison, le téléphone faisait que de sonner du jeudi au dimanche. J'ai régulièrement eu des séparations amoureuses, ainsi qu'un divorce il y a cinq ans, explique Jimmy Courtin. J'ai eu une remise en cause parce qu'à un moment donné, tu penses plus à ta passion qu'à autre chose. Il faut avoir un entourage assez costaud."

Un an après cette pause qui lui "a fait du bien", "l'esprit de compétition du week-end, l'adrénaline, les entraînements, la causerie" ont vite manqué à celui qui est par ailleurs devenu coach mental. Il a été nommé responsable séniors de l'Ernéenne pour la saison 2023-2024 et aura à sa charge les séniors qui évoluent en Régional 2.

Épisode (1/4) : Sébastien Cartier, entraîneur de l'US Laval basket : "C'est comme une machine à laver"

Épisode (2/4) : L'aide psychologique, "encore tabou dans le foot" pour l'entraîneur du Stade lavallois Olivier Frapolli