Une femme de 52 ans était jugée aux Assises, à Laval (Mayenne), jeudi 25 et vendredi 26 novembre 2021 pour l'empoisonnement de son conjoint en 2017 à Loiron-Ruillé.
Meurtre ou suicide ? Si la question restait sans réponse à l'issue de la première journée du procès, les doutes se sont peu à peu dissipés au fil de cette seconde journée.
De la mort au rat dans le yaourt de sa belle-mère ?
Cette journée a débuté par l’audition en vidéo de l’expert chargé de l’enquête de personnalité de l’accusée. Le rapport insiste sur le parcours chaotique de la femme : alcoolisme, vol de médicaments, psychologie difficile.
Le premier témoin à être introduit par l’huissier audiencier est le premier mari de l’accusée, avec qui elle a eu trois enfants et dont le plus jeune est handicapé. L’homme, grand, barbe et longs cheveux grisonnants est rugueux et direct dans ses propos. Il n’a visiblement pas fait un long déplacement pour dire du bien de son ex-femme. Il décrit une épouse qui s’est mise à boire et dormir au lieu de l’aider dans leur exploitation agricole.
Dépendante aux médicaments
Pourtant, il assure avoir fait des efforts. Ils ont quitté leur région pour se rapprocher de ses parents en Normandie. Malgré cela, les relations continuent de se détériorer : elle est accusée de vol d’une ordonnance médicale et de médicaments. Les médicaments toujours et encore reviennent dans le parcours de la femme. La famille la soupçonne même d’avoir mis de la mort au rat dans le yaourt de sa belle-mère. « On a eu un doute très longtemps », confie son ex-mari à la barre.
Ceci amène le magistrat à lire la déposition de ladite belle-mère qui revient sur les vols de sa belle-fille et sur l’histoire du yaourt.
« Elle ment, elle manipule »
Les débats s’interrompent pour reprendre à 13h30. Tous les acteurs rejoignent alors leurs partitions pour jouer le dernier mouvement.
C’est le tour des avocats des parties civiles. Maître Dierrickx, chargé de représenter les intérêts du fils de la victime et de sa mère, lance les premières flèches. Il insiste sur le traumatisme vécu par la famille et met en avant les qualités humaines de la personne décédée. Il affirme l’impossibilité de se suicider pour un homme qui a passé une si bonne journée, échangeant avec sa fille et discutant avec son fils.
« Un vrai gentil »
Maître Lepinay, chargé de représenter le frère de la victime, fait preuve de toute la logique qui l’a caractérisé pendant le procès. « Elle ment, elle manipule. » Il écarte la crise cardiaque puisque la mort est causée par une trop forte absorption de médicaments. Le suicide n’étant pas crédible, il ne reste que l’assassinat.
Le suicide écarté
C’est au tour de l’avocate générale de requérir. D’emblée, la procureure de la République clame que le crime par empoisonnement par un concubin peut être puni de la perpétuité. Elle écarte le suicide et dans un long et précis énoncé, elle revient sur toute la chronologie des faits pour prouver que l’accusée est coupable. Le Parquet réclame vingt ans de réclusion.
Parole à la défense
Il reste à l’avocat de la défense la mission de tout renverser. Après une courte interruption de séance, maître Le Minier entre en scène. Il se concentre longtemps, marchant de long en large avant de prendre la parole, sans micro. D’une voix d’abord faible il confesse : « Il n’y a pas un dossier d’Assises où je ne me dis pas : pourquoi tu t’abymes comme ça ? Nous sommes dans un abîme de souffrance »
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"Pourquoi le tuer ?"
Sa plaidoirie est longue. Il démolit un par un les arguments de l’accusation en insistant sur les plus grandes incohérences du dossier :
Tout juste l’avocat confesse-t-il ne pas avoir de réponse pour le temps que mettra sa cliente avant d’ouvrir aux secours. Sans doute était-elle en état de souffrance psychologique à ce moment. « Est-ce que quelqu’un qui va se suicider l’exprime automatiquement avant son passage à l’acte ? »
Il conclut sa plaidoirie en regardant les jurés : « Vous devez avoir l’intime conviction qu’elle est coupable, sinon vous devez l’acquitter. »
Un long délibéré
Après plus de trois heures de délibéré, la cour d'Assises a suivi les réquisitions du Parquet. Elle a reconnu l'accusée coupable de meurtre et l'a condamnée à vingt ans de réclusion.
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