La famille de Nicole Halouse, victime d'un meurtre à Ernée le 24 octobre 2017, attendait le procès avec « impatience, espoir et angoisse », a assuré Me Eric Cesbron dans sa plaidoirie. Il déplore que seule la voix de Nicole Halouse n'ait pas été entendue durant ces deux jours de procès. « Elle n'a pas pu raconter l'horreur qu'elle a vécu. Je retiendrai de cette femme que je n'ai pas connue qu'elle était une femme forte dont la vie a pris fin avec fracas. »
Il fait ensuite référence aux 17 coups de couteau portés par l'accusé à la victime, en grande partie dans le dos. « Il tente de nous faire croire à une banale dispute qui aurait mal tournée. Il n'a pas commis ce meurtre à cause d'un chien. Nicole ne supportait plus la présence chez elle de l'accusé. Elle ne supportait plus son alcoolisme, ses colères, ses insultes, ses humiliations, sa violence. C'était un homme dangereux et violent, peut-être à cause de l'alcool. »
Un homme dangereux et violent
Le conseil des parties civiles est convaincu que ce soir du 24 octobre 2017, Nicole Halouse a enfin eu la force de lui dire de partir de chez elle.
Pour la partie civile, « ce meurtre était écrit ». Elle s'appuie, outre les nombreuses scènes de violence décrites par les ex-compagnes du mis en cause, sur les propos de sa deuxième compagne, mère de ses trois plus jeunes enfants : « Si je n'étais pas partie, j'aurais certainement subi le même sort que cette femme ».
Volonté de créer des dégâts ?
L'avocate générale, Céline Maigné, veut comprendre comment on a pu en arriver là ? « Comment peut-on se saisir de ce couteau dont on s'est servi en tant que désosseur, si on n'a pas la volonté de créer des dégâts ? Quelqu'un qui frappe à 16 reprises dont neuf de façon profonde veut-il donner la mort ?»
Elle rappelle la violence de cet homme de 59 ans, qui a connu quatre relations sérieuses dont trois empreintes de violence conjugale.
La violence, il veut bien l'admettre mais pour lui, elle est due à l'alcool. L'alcool est l'excuse de sa violence. C'est une facilité à laquelle il n'a pas pu échapper. »
Adopte le comportement de son père
Elle ajoute qu'il n'a fait aucun effort pour s'en sortir. « Il répète ce qu'il a vécu gamin et adopte le comportement de son père. Il est issu d'une famille d'alcoolique : son père, son frère. La prison ne l'a pas soigné mais le cadre tant qu'il y est »,conclut Céline Maigné avant de requérir 17 ans de réclusion criminelle, plus trois ans en cas de non respect de son suivi socio-judiciaire de 5 ans.
A son tour Me Camille Robert a pris la parole au soutien de l'accusé. « Nous n'avons pas la volonté de justifier ou d'excuser son acte. ». Il raconte l'histoire d'un couple qui ne fonctionnait plus depuis un an, mais « un couple heureux à ses débuts. Jusqu'à la perte d'emploi du mis en cause ».
Des circonstances atténuantes
Me Nicolas Dirickx tente lui de trouver quelques circonstances atténuantes à son client. « C'est un brave type. Ça peut être un bon conjoint. Ce crime est empreint de sauvagerie. Et pourtant il n'a de cesse de dire qu'il aimait cette femme. Il commet le seul acte qui peut irrémédiablement le séparer d'elle. Il la perd à tout jamais. » Dernière circonstance atténuante, sa dépression, « qu'il soigne à coup de rosé et de bière. C'est pratique mais c'est pas la solution ».
Dernier à prendre la parole à l'issue de ce procès en assises, l'accusé s'adresse à la famille de Nicole Halouse.
Sincèrement, je regrette. Sincèrement. Mon acte n'est pas pardonnable ni excusable. Vous aurez toujours de la peine. Moi aussi j'ai de la peine. Je regrette. »
Après quatre heures de délibération, le jury a condamné l'accusé à 17 ans de réclusion criminelle, avec une mesure de suivi socio-judiciaire de 5 ans, une obligation de soins et une interdiction de détenir une arme et de rentrer en contact avec la famille de la victime. S'il ne respectait pas ce suivi socio-judiciaire, il encourrait 3 ans de prison supplémentaires. Il est également privé de ses droits civils et civiques pendant 10 ans.
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