« C'est comme si un homme se jetait dans la Mayenne pour en sauver un autre, et qu'on lui mettait une amende pour baignade interdite », termine, avec le sens de la formule, maître Emmanuel Doreau. L'avocat lavallois défend Fabien Brochet, 50 ans, vendredi 9 décembre, devant le tribunal correctionnel de Laval. Fabien Brochet tenait « le dernier commerce » de la commune de Chammes entre juin 2010 et octobre 2016. Le 21 avril 2015, l'ancien cantonnier de Chammes vient boire un verre dans son bar. Le client est déprimé, il est en conflit ouvert avec la municipalité. « A un moment, il a dit qu'il voulait se mettre la corde au cou. Il est parti dehors. Comme il ne revenait pas, je suis parti à sa recherche », indique le tenancier de bar. Passant devant l'entrepôt municipal, Fabien Brochet entend du bruit. Il craint que l'ancien cantonnier y soit entré pour se pendre. Il va chercher un pied de biche, enlève deux lattes de bois. Heureusement, l'ancien agent municipal n'y est pas.
Parce qu'il a fait preuve d'altruisme, de fraternité, il est traîné devant le tribunal
« Je suis parti voir le premier adjoint pour lui expliquer. J'étais prêt à rembourser les dégâts », ajoute Fabien Brochet. Le maire de Chammes lui présente un devis de réparation de plus de 1 000 euros. Le commerçant refuse de payer une telle somme. Le conseil reviendra en arrière pour lui proposer de rembourser 800 euros. De son côté, Fabien Brochet a contacté un professionnel qui lui demande 513 euros pour faire les travaux. Après moults discussions, les élus de Chammes acceptent ce devis. L'épicier a déjà remboursé les 513 euros.
Surtout, le commerçant est convoqué à la gendarmerie. La municipalité a déposé plainte pour dégradations volontaires graves. « Parce qu'il a fait preuve d'altruisme, de fraternité, il est traîné devant le tribunal. Son idée n'était pas de dégrader, mais d'ouvrir pour venir en aide à une personne. Je ne comprends pas l'acharnement du ministère public », plaide Emmanuel Doreau. « Pourquoi n'a-t-il pas appelé la gendarmerie ? Il ne peut pas se qualifier d'être un service de secours », lance le procureur de la République, Guirec Le Bras. Le tribunal l'a dispensé de peine.
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