Laval. Quand Gruau engage un détective privé

Il n’a pas le physique d’un James Bond ou d’un OSS. L’homme debout à la barre du tribunal de Laval n’est pas un super agent secret, mais n’en n’est pas loin. C’est un ancien des services de renseignements militaires. Lorsqu’il a quitté l’armée, c’est en tant que détective privé qu’il s’est installé. Il a des agences à Laval, Nantes, Angers ou encore Paris. S’il comparait, c’est pour avoir espionné des cadres de la société Berthevinoise de carrosserie Gruau. A l’époque des faits, (mai 2011), nous sommes en pleine “affaire Renault”. La marque au losange suspectait alors trois de ses cadres de travailler pour la concurrence. Gruau, inquiet, aurait alors fait appel au détective pour enquêter sur ses concurrents et d’éventuelles taupes à Saint-Berthevin. Sauf que le détective décide d’aller plus loin, et cible quatre ou cinq cadres de la société. En recoupant des informations, il se rend compte que l’épouse du directeur général de Gruau est à la tête d’une entreprise automobile. De son propre chef -selon les avocats-, il décide de placer une balise GPS sous le véhicule du directeur général et le trace lors de ses déplacements professionnels et privés. « L’objectif était de vérifier que le directeur ne se rendait pas dans certaines zones, qui auraient pu mettre en évidence un espionnage », explique le prévenu.
C’est lors d’un week-end en famille que la victime a remarqué, alors qu’elle regardait par la fenêtre, un point rouge clignotant sous sa voiture. L'entreprise Gruau s’est constituée partie civile dans ce dossier en insistant sur le fait qu’elle n’avait jamais demandé à quelque enquêteur de cibler tel ou tel collaborateur. Dans cette affaire, démêlée par la direction centrale du renseignement intérieur, le tribunal a condamné le détective à 5 000 euros d'amende et 2 000 euros au titre de préjudice pour le directeur espionné.     L'entreprise Gruau a été déboutée de sa constitution de partie civile.