Nicolas Sarkozy n'a passé que dix-neuf jours à la prison de la Santé. Il en est sorti, le 10 novembre, avec des Mémoires riches en anecdotes et en réflexions, intitulées Le Journal d'un prisonnier. Aussitôt libéré, l'ancien président a entrepris une tournée de séances de dédicaces dans des librairies assiégées par un public nombreux. Partout où il se rend ces derniers jours, tel une rock star, Sarko suscite des manifestations de sympathie. Une partie du peuple se moque visiblement de l'avis des juges.
L'objet littéraire n'est pas sans mérite. Habilement découpées, les séquences du récit s'enchaînent avec vivacité et ces 213 pages se lisent aisément. C'est une plongée dans le monde carcéral à travers le regard d'un témoin que rien ne préparait à une telle épreuve. L'ancien président n'aura eu pour seul véritable privilège que l'isolement. Avec une télévision, un téléphone mural, le droit à plusieurs visites de son épouse Carla, de ses enfants et de quelques amis - voire du ministre de la Justice lui-même - la quasi-sollicitude de ses gardiens, des rendez-vous avec un aumônier, la visite d'un médecin, ainsi qu'une heure quotidienne de sport en solitaire… Autant de situations particulières et de portraits parfois attachants, qui mettent en valeur les vertus de sa famille et de ses proches. On y relève aussi quelques confidences concernant sa vie spirituelle, qui n'ont rien de médiocre.
Animal politique, Nicolas Sarkozy esquisse également les contours d'une stratégie pour le retour de la droite au pouvoir, excluant tout recours au "front républicain". Pas sûr que cela prépare une quelconque clémence de la part de certains juges, dont l'intime conviction semble parfois se fonder davantage sur l'idéologie que sur les pièces - pourtant largement absentes - du dossier du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007. L'ancien chef de l'État en a pleinement conscience dans les pages qu'il consacre aux "juges rouges" du Syndicat de la magistrature, où il démonte avec vigueur l'idée selon laquelle il serait interdit de critiquer une décision de justice.
Ce qui donne tout son sel à ce court essai, c'est précisément que nul ne peut dire si Nicolas Sarkozy devra retourner en prison. Pour quelques mois ? Pour quelques années ? Avec ce septuagénaire doté d'une telle force de caractère, d'une énergie et d'une discipline de vie que l'on ne peut s'empêcher d'admirer voire d'envier, l'hypothèse d'un phénomène éditorial de grande ampleur ne peut être exclue. L'avenir le dira…
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