Il y a encore quelques mois, son nom faisait se lever les tribunes de Francis-Le-Basser. Sa patte gauche faisait des ravages, ses frappes semblaient guidées par une inspiration rare et, dans nos colonnes, un surnom s'était imposé presque naturellement : "Magic" Sellouki.
Malik Sellouki incarnait alors la créativité et l'audace du Stade lavallois, jusqu'à en devenir le meilleur buteur avec 11 buts en championnat pour sa première saison complète dans le monde professionnel. Aujourd'hui, le décor a changé. Les éclairs ont disparu, les statistiques sont figées, et le numéro offensif mayennais peine à retrouver sa place dans le onze de départ. Le contraste est saisissant. Presque brutal.
L'année de la confirmation… ou de la révélation des fragilités
Pour Olivier Frapolli, la situation ne se résume pas à une simple baisse de forme. Elle raconte un parcours atypique et une trajectoire hors des standards. "C'est un garçon qui n'a pas grandi dans un centre de formation. Il n'a pas été habitué à ces étapes, à cette notion de confirmation", rappelle l'entraîneur lavallois.
Sellouki n'a pas été formaté très jeune aux exigences du haut niveau. Son histoire est celle d'un joueur repéré tardivement, passé par le monde amateur avant de gravir les échelons presque par opportunité, presque par rêve plus que par plan de carrière. Nice, l'étranger, puis Laval, où tout s'accélère.
La saison passée, tout s'enchaîne. Titularisé au Red Star, il inscrit un triplé dès son premier match dans le onze. L'élan est lancé. Les buts s'enchaînent. Le talent éclate. Cette saison, en revanche, c'est l'année du statut. Et du poids qui va avec.
Un statut à assumer, une pression nouvelle
À 25 ans, Malik Sellouki découvre un rôle qu'il n'avait jamais vraiment connu : celui d'homme attendu, observé, analysé. Celui autour duquel on construit. "Aujourd'hui, il doit assumer un statut, des espoirs, et ça ne se passe pas comme il l'avait imaginé", confie Frapolli.
Dans le jeu, les erreurs sautent davantage aux yeux que les fulgurances. Une course perdue, un duel physique manqué, un ballon mal négocié… Tout semble soudain peser plus lourd. Résultat : le milieu offensif sort progressivement du onze, sans jamais sortir du groupe. Car le message du coach est clair : le problème n'est ni l'investissement, ni la discipline. "Il n'a raté aucun entraînement, il s'entraîne bien. Ce n'est pas un problème de comportement. Il traverse juste une mauvaise période."
La dimension mentale au cœur du "cas Sellouki"
Le mot revient souvent dans les discours, côté staff comme côté joueur : mental. Sellouki le reconnaît lui-même. Quand la réussite disparaît, la spontanéité aussi. "Quand c'est plus dur, on réfléchit beaucoup. Moi, quand je réfléchis trop, ça bloque. J'ai besoin de jouer à l'instinct", explique-t-il.
Le joueur évoque la frustration, mais aussi la nécessité de rester positif. Il s'appuie sur son entourage, son agent, son père, et même sur un accompagnement mental au club. Sans dramatiser. "J'ai vécu des choses beaucoup plus compliquées dans ma carrière. Ça m'aide à relativiser. Combien auraient arrêté le football à ma place ?"
La Coupe de France, où il a retrouvé du temps de jeu et un semblant de confiance face au Cellier Mauves (R3) et la Saint-Pauloise (R1), apparaît alors comme une bouffée d'oxygène. Un possible déclic, comme la saison passée, lorsqu'une longue période sans but avait fini par s'effacer d'un coup.
Frapolli, la confiance maintenue, la responsabilité rendue
Olivier Frapolli ne fuit pas ses responsabilités, mais il renvoie aussi le joueur face aux siennes. "Il a la clé. Comme il a eu la clé pour s'imposer à Laval, c'est lui qui a la clé pour sortir de cette période." L'entraîneur parle de métier, de devoirs, de critique à accepter. De cette face moins glamour du football professionnel que Sellouki découvre presque pour la première fois. "Être footballeur pro, ce n'est pas toujours merveilleux. Il y a des moments plus difficiles. Il est dedans." Pas question, pour autant, de condamner le joueur. Au contraire. Le club l'entoure, le soutient, et continue de croire en son potentiel.
Une flamme à rallumer
Plus qu'un problème technique ou tactique, le cas Malik Sellouki semble avant tout être une question de flamme. Celle qui faisait lever les foules, tenter des frappes impossibles, jouer sans calcul. "J'ai l'impression qu'il a perdu la flamme. À lui de la retrouver", glisse Frapolli.
À l'aube d'un nouveau match de Coupe de France et avant une coupure qui pourrait lui permettre de se ressourcer mentalement et physiquement, Sellouki se veut patient. Et confiant. Le "Magic" n'a peut-être pas disparu. Il sommeille. Et à Laval, joueurs, staff et supporters attendent tous le même instant : celui où, à nouveau, sa patte gauche fera basculer un match et rappellera pourquoi, un jour, on l'avait surnommé ainsi.
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