Édito. Les entreprises ne sont pas des garderies

Obligatoire, oui. Adapté à la réalité du terrain ? Sûrement moins. Car on demande à des jeunes de 13 ou 14 ans de trouver un stage, souvent seuls, au hasard, avec pour unique consigne : "Il faut absolument en avoir un. Peu importe lequel."

Ce n'est pas aux PME de compenser les décisions prises à Paris

Alors ils poussent les portes, en s'excusant presque d'être là. Et cela demande du courage. Parce qu'il faut oser interrompre un artisan qui court après ses délais, une commerçante entre deux clients ou une secrétaire d'accueil qui voit arriver le douzième candidat de la journée. Oui, ils osent affronter le refus, et sont admirables devant ce petit échec. Ces gamins-là n'ont pas à rougir, ils font de leur mieux dans un système qui, lui, ne leur facilite pas la tâche.

Cependant, dans les entreprises, la colère monte. Non pas contre ces jeunes, parce qu'ils sont la partie la plus admirable de cette histoire, mais contre les obligations qui leur tombent dessus et que les professionnels doivent absorber sans préparation, sans moyens et sans accompagnement. Depuis quand un commerçant doit-il devenir conseiller d'orientation ? Depuis quand une petite PME doit-elle compenser les décisions prises à Paris, sans aucune idée de ce que représente la ruralité ?

En campagne, trouver un stage est un casse-tête monumental

Car la vérité est là et elle est dramatiquement simple : en ville, trouver un stage relève parfois du réseau familial ou d'une ligne de bus ou de métro. En campagne, c'est un casse-tête monumental. Le tissu économique est limité et les jeunes nombreux.

L'équation est impossible. Les entreprises ne sont pas des garderies. Mais elles ne sont pas non plus les coupables. Elles sont les premières à vouloir transmettre, quand c'est possible, et quand c'est préparé. Aujourd'hui, elles sont obligées de dire non, et pas par gaieté de cœur.

Alors, oui, les jeunes méritent mieux, et les entreprises aussi. Et si l'on veut vraiment donner une chance à ces gamins, il serait temps que les décideurs viennent enfin voir comment cela se passe... ici.