Stade lavallois. Penalty pour Tavares, larmes sur le banc… les adieux émouvants de Jordan Adéoti à Le Basser

Jordan, quel est le sentiment qui domine après ce dernier match à Le Basser ?

C'est plein d'émotions qui se mélangent à la fois. Il y a un peu de tristesse forcément, de quitter ce club et cet environnement dans lequel je me sentais bien, dans tous les aspects de ma vie. Et en même temps, il y a de la joie. Heureux du chemin que j'ai fait ici. Je l'ai déjà dit : c'est un club qui a tout simplement changé ma vie. Alors oui, c'est un mélange de tristesse et de joie. Il y a aussi plein de souvenirs qui remontent, déjà rien qu'en étant sur le terrain. On essaie d'imprégner les derniers instants, les visages, les sensations, pour garder ça le plus longtemps possible.

L'ovation de Le Basser avec vos filles, vous n'êtes pas près de l'oublier…

Non, c'est sûr que ça, je ne vais pas l'oublier. C'est la première fois que je pars ainsi, aussi bellement fêté d'un club. C'était de beaux au revoir. J'espère que ce ne sont pas des adieux… On était plusieurs à vivre ce moment, c'était plein d'émotions. Une belle fête, même si c'est dommage qu'on n'ait pas eu la victoire.

Le coach a tenu à ce que vous soyez sur la pelouse avec Jimmy et Anthony pour finir le match. Un geste fort ?

Oui, je pense qu'il a regardé le score de Guingamp, et quand il a vu qu'on n'avait plus de chances d'aller en barrages, il nous a offert ce cadeau-là. Pouvoir fouler une dernière fois la pelouse de Le Basser sous le maillot de la Laval, c'est un honneur. Je le remercie vraiment. Honnêtement, si je n'étais pas entré ce soir, repenser à Rodez comme mon dernier match… ça aurait été compliqué. Alors même si on a pris des buts, ces dernières minutes, elles comptent beaucoup.

Quels souvenirs vous marqueront à vie ?

Je repenserai toujours à la première année où on joue le maintien. On perd ici contre le Gazélec Ajaccio, qui était dernier, et on passe relégable. On avait une soirée prévue des amendes et… on la fait quand même. Les journalistes, vous nous êtes tombés dessus d'ailleurs (sourire). Puis on se maintient à domicile contre Châteauroux. Tous les scénarios, comment ça s'est passé, c'était marquant. Et bien sûr, la montée, et le maintien dans les dernières secondes à Amiens… Ces deux années-là, émotionnellement, c'est peut-être ce que j'ai vécu de plus fort dans le foot.

Et ce soir, au moment de rentrer, vous arrivez à faire abstraction de tout ça ?

Franchement, c'était dur. Sur le banc, j'avais déjà les larmes qui montaient. J'étais vraiment dans l'émotion. Après, une fois sur le terrain, on redevient des gamins. On court, on tacle, on essaie d'aider les copains qui ont déjà fait le travail avant. Donc ça va, j'ai réussi à me mettre dans le match. Mais avant, oui, c'était compliqué.

On vous a vu très présent offensivement sur la fin, presque en mode buteur…

Oui, je suis allé dans la surface ! J'attendais que Jim me la mette en retrait, mais ça ne s'est pas fait (rire). Quand Gonzo est là aussi, j'essaie d'y aller. Franchement, une passe décisive de l'ancien pour l'autre ancien, ça aurait été beau. On avait envie de marquer, de faire une action décisive pour rendre le moment encore plus magique.

Et maintenant, la suite ?

C'est encore tôt, je n'ai pas de touches concrètes, mais j'ai envie de continuer. En Ligue 2, en National, je suis ouvert à tout projet. Le fait d'avoir manqué une partie de la saison fait que, même à mon âge, j'ai l'impression d'avoir encore beaucoup de jus. Physiquement, je suis bien. J'ai récupéré ma force, notamment sur ma cuisse. Mentalement aussi, je suis frais. Si un club s'intéresse à moi, à mon expérience, à mes qualités, à ce que je peux apporter sur le terrain et dans un vestiaire, je serai prêt.

Et s'il y avait eu un penalty à tirer en fin de match ?

(Rires) Franchement, pour rigoler, on s'était dit : "S'il y a un péno, on le laisse à Yohan Tavares !" Il ne frappe jamais, même à l'entraînement. Alors on s'est dit : "Allez, Yohan, c'est pour toi." Mais bon, il aurait sans doute fait une passe quand même…