En ce contexte d'état d'urgence, le moindre signe d'énervement peut conduire au tribunal. Surtout lorsque l'on est assigné à résidence. Un homme de 34 ans, résidant à Laval depuis neuf mois, en a fait l'expérience mercredi 27 janvier. Il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Laval pour « menace de crime contre les personnes ».
Depuis le 11 janvier, il est assigné à résidence. En décembre dernier, son logement avait été soumis à une perquisition administrative. Les forces de l'ordre avaient retrouvé des contacts syriens sur son téléphone et des listes manuscrites de sites et de forums djihadistes. Sur les réseaux sociaux, il postait des photos et des vidéos de propagande de l'état islamique.
L'homme a réponse à tout. Les contacts ? « Des numéros qu'on m'a donné parce que je cherchais une femme. Quand j'ai vu que c'était en Syrie, je me suis dit autant chercher sur Laval. » Les listes de sites et de forums ? « Pour me tenir au courant. » Les réseaux sociaux ? « On m'a inscrit dans des groupes sans mon consentement. Le djihad, c'est pas mon truc. Je ne sais pas faire la prière, je ne fais pas le ramadan. »
Toujours est-il que depuis cette date, le trentenaire doit pointer trois fois par jour au commissariat de Laval. Samedi 23 janvier, à 14h, il y est arrivé un peu bougon. Au moment de signer le registre, l'homme s'est exprimé : « Ca me fai ch... de venir ici. Je vais mettre à exécution ce que l'on me reproche, au moins on me fera ch... pour quelque chose. » Au policier qui lui demande ce qu'il sous-entend, il répond : « Vous verrez bien quand ça arrivera. Je reviendrai à 19h. » Ce qu'il fait, pour signer le registre, tout comme les jours suivants.
Pour le procureur, l'infraction est grave. Le représentant du Parquet retient le contexte national, le casier judiciaire du prévenu, sa personnalité, les élements retrouvés chez lui lors de la perquisition administrative. Deux mois de prison ferme sont requis, avec mandat de dépôt.
En face, l'avocat de la défense que les seuls faits jugés ce jour sont ceux de menace. « Des débuts de soupçons se transforment aujourd'hui en accusation à laquelle il doit répondre. » Rappelant qu'un travail attend son client dans un mois, il soumet l'idée de jours-amendes au tribunal. Le tribunal a choisi de suivre les réquisitions du procureur et de condamner l'homme à deux mois d'emprisonnement ferme.
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