À peine arrivés sur l'île de Furudu aux Maldives le marchand de voiles lavallois François Pyrard et ses quarante compagnons d'infortune sont immédiatement désarmés par un groupe de vingt-cinq guerriers autochtones. Non seulement ils sont fouillés et dépouillés de tous leurs biens mais ils sont très rapidement dispersés dans les différentes îles.
François est transféré sur une autre île avec pour bagage de jolies pièces de lin de couleur rouge écarlate, signe de puissance et d'honneur. Ayant appris quelques mots de portugais, pendant la traversée, il sait expliquer dans cette langue au chef de la bande, que cet échantillon de tissu coloré était destiné à leur roi.
Aussitôt le chef de tribu incontesté, vient en personne de l'île voisine de Malé pour jauger les prises de mer et les hommes capturés. François s'est confectionné depuis le départ de Laval, une ceinture contenant des pièces d'argent de 40 sols. Prudent lors de sa première nuit à Fehendu, il avait réussi à la cacher dans un recoin de l'ile en l'enterrant. Pour survivre et obtenir eau comme nourriture, les rescapés doivent payer leurs denrées aux habitants des îles. Mais peu habitués aux coutumes du troc local, les naufragés donnent leurs écus trop facilement. Les prix montent et seuls quelques-uns peuvent obtenir les denrées nécessaires. Il faut pécher, faire bouillir à l'eau de mer des poissons comme des algues voire des herbes qui leur sont inconnues. François passe maître dans la récolte de noix de coco en montant aux arbres. Pour récompense de son ouvrage, il reçoit en retour un peu de riz, du mil ou du miel.
Un patient travail de diplomatie locale
La règle sur l'île est claire : point de travail, point de nourriture. Pyrard réussit patiemment à lier connaissance avec les épouses des guerriers. Comme il travaillait tous les jours avec ces dernières, il réussit à les amadouer et à apprendre peu à peu leur langage. Bien lui en prit car le seigneur de l'île finit par lui accorder son amitié. Pendant tout ce temps sur l'île où s'était produit l'échouage, les habitants démontaient le navire pièce par pièce récupérant le plomb du lest, les clous et tout ce qu'ils pouvaient trouver d'utile. Le capitaine du Corbin est mort de faiblesse. Par chance, on n'en veut pas à Pyrard. Il faut dire que le Lavallois se révèle être un fin stratège. Il apprivoise tous ceux qu'il rencontre. Aidant surtout les unes et les autres, il plaît. Un étranger qui fait autant d'efforts pour apprendre la langue du pays, travaille comme eux, apaise les tensions, se montre attentionné auprès de la gente féminine sans offusquer les maris, ne peut être fondamentalement mauvais. Il est différent de tous les autres naufragés et se fait accepter par la communauté tout entière.
C'est alors qu'un personnage important arrive sur l'île pour le rencontrer. Il n'est autre que le beau-frère du roi, il est accompagné du surintendant des galères de son pays, le principal but de leur visite étant aussi de récupérer les canons du navire naufragé.
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