C'est une petite rue parallèle à la rue Crossardière, perpendiculaire au quai Beatrix-de-Gâvre. La rue François-Pyrard rend hommage à l'un des premiers aventuriers lavallois. Moins connu qu'Alain Gerbault, il fut pourtant l'un des premiers Français à découvrir les Indes-Orientales.
L'épopée de François Pyrard pourrait inspirer une série télévisée, tant elle est haletante et riche en rebondissements. Descendant d'une lignée de commerçants, il est né à Laval dans les années 1570. Deux décennies plus tard, l'aventurier embrasse son destin : il vend sa terre du Bois Garnier à Argentré à son oncle et se rend à Saint-Malo. Il lui faudra attendre le 18 mai 1601 pour prendre la mer sur le Corbin, un navire armé par des marchands lavallois, vitréens et malouins
« Cette petite flotille connut les pires avatars au cours d'une traversée mouvementée de 10 000 kilomètres. Il serait beaucoup trop long de vous narrer ici les péripéties multiples de ce voyage digne de la plume d'un Jules Verne », rapporte le procès-verbal du conseil municipal du 10 février 1953, qui adopta le nom de rue. Accident du mât, salve de vaisseaux hollandais, climat délétère dans l'équipage, feu des Portugais, tempête au large de Madagascar, maladie qui tue 41 marins, la liste est effectivement longue.
A la suite de ces infortunes, François Pyrard est encore loin de mettre un pied aux Indes. Au large des Maldives et de l'île Pulodon, le Corbin fait naufrage et est dépouillé par les autochtones. Avec deux de ses camarades, le Lavallois est exilé sur l'île de Pandoué. Mais il sait faire preuve d'astuce : il apprend la langue des indigènes et devient ami avec le seigneur local. Trois mois lui suffisent pour être présenté à la cour du roi de Malé, dont il obtient les faveurs. Notre Mayennais en profite pour faire venir auprès de lui quelques membres de son équipage.
François Pyrard vu par le sculpteur Del'Aune.
Pendant deux mois, François Pyrard est malade et entre la vie et la mort. A son retour, ses compagnons flamands se sont échappés et l'un de ses amis vitréens est décédé. L'aventurier regagne les faveurs royales, se met à trafiquer avec les navires étrangers et devient riche en « marchandises et en arbres à coco », souligne l'ouvrage de Gilbert Chaussis, Laval de rue en rue.
Malgré tout, l'homme a le mal du pays et de l'exercice de la religion chrétienne. Il fait le vœu d'un pélerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, s'il regagne une terre chrétienne. En 1607, il embarque pour le Bengale. Sur un vaisseau de Calicut, deux jésuites conseillent à Pyrard et ses compères de passer à Cochin pour leur rapatriement. L'expédition est malheureuse : ils manquent de se faire tuer et sont jetés au cachot par le gouverneur. Le Lavallois réussit à être libéré sous caution, se fait intégrer dans la milice portugaise puis retourne en prison pour soupçon d'espionnage.
« Ce sont des aventures vraiment extraordinaires que celles dont notre compatriote fut le héros », retient le conseil municipal. François Pyrard regagnera sa chère Mayenne par une décision du roi du Portugal, qui interdit aux Français, Anglais et Hollandais de séjourner aux Indes. Il embarque en janvier 1610 et abordera les côtes espagnoles un an plus tard. Après son passage à Saint-Jacques-de-Compostelle, il rejoint Laval et rédige ses mémoires. Il décède à Paris en 1625.
Sources : Laval, de rue en rue, de Gilbert Chaussis, deux tomes, édition Siloë. Archives municipales. Service Patrimoine.
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