En cette période de fêtes placée sous le signe de la cinquième – voire de la sixième – vague de Covid, les librairies indépendantes de la Mayenne surfent sur une autre vague.
Celle initiée en 2020 avec l’immense succès des librairies de quartier lors de leur réouverture, après le premier confinement.
"On profite encore de l'engouement de 2020"
Cette année-là, « les gens se sont jetés sur les livres et les commerces en général », rappelle Thierry Mousset, cogérant de Jeux Bouquine, librairie spécialisée jeunesse à Laval.
« La fréquentation a explosé », abonde Olivier Dorgère, gérant de la librairie du Marais, dans le centre-ville de Mayenne. « Cette année, elle est plus classique mais ce n’est pas revenu à la normale. On profite encore de cet engouement. »
Même son de cloche dans les librairies lavalloises. « Ça va plutôt très bien, il y a beaucoup de passage », se réjouit Simon Roguet, gérant de M’Lire, dans le centre-ville de Laval.
Pour Olivier Dorgère, franchir la porte d’une librairie indépendante est souvent une marque de soutien à une activité concurrencée par le commerce en ligne et les grandes chaînes. « Les gens veulent nous soutenir et nous faire exister, c’est très plaisant. »
« Il y a eu beaucoup de communication autour des librairies et des commerces indépendants en général », confirme Thierry Mousset. Dans le métier depuis trente ans, ce dernier va même plus loin :
« On nous demande des livres qui font du bien », note Simon Roguet. Un souhait de réconfort qui tranche avec « le peu d’intérêt pour le foisonnement de livres parus sur l’actualité Covid », que constate Olivier Dorgère.
Côté bande dessinée, des problèmes d'approvisionnement
Ses clients semblent plutôt avoir envie d’évasion : « Ils veulent de beaux livres de voyage, de l’art, de l’humour… » « Le fantastique est toujours là, observe de son côté Thierry Mousset. On a aussi des choses un peu plus militantes sur l’écologie ou le rapport à l’autre. »
En revanche, côté bande dessinée, ces trois libraires doivent faire face à un problème d’approvisionnement.
De gros éditeurs, tels que Dargaud ou Dupuis, sont concernés. Les mangas, très demandés, sont aussi touchés.
« Il y aurait besoin de réassort sur certains titres, comme Naruto, qui marche fort, regrette Olivier Dorgère. On a des trous qu’on ne peut pas combler. C’est frustrant, ce distributeur n’a pas anticipé. »
Contrairement à nos libraires mayennais, qui ont quant à eux prévu du stock. « Pour la BD, nous avons beaucoup anticipé et commandé de grosses quantités, assure Simon Roguet. Donc on arrive à s’en sortir, sauf pour certains titres un peu plus rares et plus compliqués à commander. »
Pour ce qui est des « trous », « les gens comprennent. Et ça devrait repartir en janvier », se rassure Thierry Mousset. « Ça se répercute sur d’autres titres, complète Olivier Dorgère. Les gens veulent quand même repartir avec quelque chose. »
Chez M’Lire, la pénurie de papier perturbe aussi la logistique. « Elle pénalise surtout les réimpressions, explique Simon Roguet. Certains ouvrages qui normalement auraient dû être réimprimés n’ont pas pu l’être. »
"Énormément de demandes de stages"
Des difficultés qui ne semblent pas mettre en péril ce qui s’annonce comme une bonne année, y compris pour l’attractivité du métier.
Le 21 octobre 2021, Le Courrier de la Mayenne soulignait le record d’inscription enregistré à la rentrée par la licence librairie de l’Université catholique de l’Ouest (UCO) Laval.
« Au niveau national, il y a plus d’ouvertures que de fermetures, confirme Olivier Dorgère. Et nous avons énormément de demandes de stages découverte de la part de jeunes très motivés et curieux. »
« C’est le signe que la profession ne dépérit pas autant qu’on le disait, analyse Simon Roguet, qui enseigne à l’UCO. Cela faisait vingt ans qu’on annonçait la mort de la librairie. Or on se porte bien. »
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