Les Assises se poursuivent avec une affaire de meurtre qui s'est déroulée à Mayenne, rue Vieille des Halles, le 19 mai 2018. Un Mayennais de 47 ans avait été retrouvé mort chez sa compagne. Il aurait reçu une vingtaine de coups de couteau de sa compagne et d'un ami de celle-ci. Ils sont poursuivis pour meurtre par concubin pour elle, et sur personne vulnérable pour lui.
L'examen des personnalités des deux mis en cause, détenus depuis le 21 mai 2018, a débuté ce lundi 5 juillet.
L'accusée, compagne de la victime depuis 2016, est âgée de 44 ans. Dernière d'une fratrie de 5 enfants, elle n'a conservé que peu de liens avec sa famille. Son père, qu'elle décrit comme « un papa génial qui a toujours tout fait pour ses enfants », est dépeint par la présidente Thouzeau comme très violent. « La description du foyer est cataclysmique. Il va jusqu'à frapper ses enfants sous les yeux de la travailleuse familiale. La maman est en perdition. L'hypothèse du syndrome d'alcoolisme fœtal est très probable. On peut se demander comment les enfants n'ont pas été placés.»
Des souvenirs reconstruits
La quadragénaire fait état de souvenirs très différents de ce que retrace son dossier. « Elle reconstruit ses souvenirs. » Notamment concernant le placement de ses deux enfants. « Son garçon a été placé en 1997 car il était victime de maltraitance de son père. Mais la mère a aussi été condamnée pour privation de soins. » Elle était alors enceinte de sa fille, et vivait en foyer maternel avant d'abandonner son enfant en avril 1998. Les deux enfants sont alors placés dans la même famille d'accueil. « Le père des enfants m'attendait avec un fusil et un couteau de chasse », justifie la femme. Il apparaît en fait qu'elle serait partie avec un autre homme.
La mise en cause a en effet fait l'objet d'un certain nombre de condamnations pour violence, dont cinq avec un couteau. Au total, quatorze mentions sont inscrites à son casier judiciaire. « Vous avez coupé l'oreille d'un de vos compagnons », relève la présidente. L'accusée met en avant la légitime défense. « Est-ce crédible ? », demande Me Robert, avocat d'une des parties civiles. La mise en cause remue la tête de droite à gauche.
La consommation d'alcool de l'accusée est aussi pointée du doigt. Elle reconnaît avoir commencé à boire à l'âge de 13 ans, avec sa mère. « Pour chacune des violences avec arme, est-ce qu'il y a de l'alcool ? », demande Céline Maigné, avocat général. « J'ai toujours de l'alcool dans le sang », rétorque la femme dans son box.
Placé à 3 ans
Son complice, lui, a été placé à 3 ans chez son oncle et sa tante. Sa mère était alcoolique. « Il n'a pas eu une enfance facile. Il a conservé des séquelles d'un accident domestique qu'il a eu à 18 mois. Il a été ébouillanté par une casserole au niveau du cou, du torse et des bras. Il a subi de nombreuses opérations chirurgicales », énonce la présidente. A 3 ans, il ne parlait pas et ne marchait pas. Il a aujourd'hui des difficultés d'élocution, " mais qui ne seraient pas liées directement à cet accident . »
A 15 ans, alors qu'il part en internat à Alençon, son comportement change. Sa tante et sa sœur pensent qu'il aurait pu être victime d'un prêtre récemment condamné pour agressions sexuelles sur six enfants dans la Sarthe, alors qu'il était scout.
Père de trois enfants, l'accusé s'est séparé de sa compagne en 2011. « Elle a déclaré qu'après le travail, vous sortiez boire et que lorsque vous rentriez vous étiez violent », rappelle la présidente Thouzeau. Après la séparation, il aurait fait deux tentatives de suicide et des séjours en hôpital psychiatrique. Maçon de formation, il a rompu avec le milieu professionnel en 2012, sans explication.
En couple ?
L'homme est convaincu d'avoir été en couple avec sa coaccusée, au moment du meurtre. Ce qu'elle réfute totalement. Ils ont cependant été filmés en train de s'embrasser.
La culpabilité des accusés ne fait pas débat. Les deux protagonistes ont reconnu les faits. Mais le mobile et les circonstances du meurtre sont difficiles à établir. Des insultes de la part de la victime envers sa compagne sont évoquées, mais également un refus de la victime de donner de l'argent pour acheter de l'alcool.
« On ne sait pas non plus pourquoi ils mettent autant de temps à prévenir les secours », souligne la présidente Thouzeau. Le meurtre aurait eu lieu entre 17h15 et 18h15. L'accusée a prévenu les pompiers à 19h51 après s'être changée et avoir acheté de l'alcool avec son complice. A l'arrivée des pompiers, les deux compères, fortement alcoolisés, étaient présents.
Les débats se poursuivront demain mardi 6 juillet.
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