« Mettez moi huit ans ou dix ans, je m'en fiche de la peine, mais je ne veux pas retourner à Argentan », lance ce Lavallois de 23 ans, jugé en comparution immédiate, mercredi 4 septembre 2019 au tribunal de grande instance de Laval.
Jogging fluo délavé à l'écusson du FC Barcelone, le prévenu pleure à chaudes larmes.
Incarcéré depuis de nombreux mois à Laval, il a été transféré au centre de détention d'Argentan (Orne) depuis décembre dernier.
Il y vivrait un enfer.
« Je subis des violences et du racket. Sous la douche, on vient m'intimider », confesse-t-il, tout en jouant avec un élastique, trahissant sa nervosité.
Fin juillet 2019, il obtient une permission de sortie. Il ne reviendra pas en prison et choisit la cavale.
Impossible pour lui d'aller chez sa compagne, il est hébergé chez des amis, jusqu'au jour où il est à la rue.
Dans la nuit du 25 au 26 août, il décide alors de voler une voiture « pour dormir dedans ».
La fenêtre d'un véhicule est ouverte, la porte aussi « et les clés étaient sur le contact », rappelle le prévenu.
Dimanche 1er septembre, il rejoint sa compagne à Laval. Il décide d'aller au bois de Forcé.
Le propriétaire du véhicule volé y est aussi. Il reconnaît sa voiture et appelle la gendarmerie.
Les forces de l'ordre décident de procéder à l'interpellation du prisonnier en cavale, plus loin.
Sur la route, un premier gendarme lui fait signe de s'arrêter. Le voleur fonce. Un second gendarme tente de poser une herse.
Afin d'éviter celle-ci, le jeune Lavallois (qui n'est pas titulaire du permis) fonce sur le gendarme.
Une course-poursuite s'engage. Excès de vitesse, giratoire pris en sens inverse, franchissement de ligne continue, le conducteur enfreint toutes les règles.
« Dans ma tête, lorsque j'ai vu le premier gendarme, je me dis : Argentan. Les galères allaient revenir », explique-t-il.
Il accélère, passe des agglomérations à 130 km/h. Les gendarmes le perdent à Meslay-du-Maine.
Mais, il est repris alors qu'il est à pied en direction de Laval.
« Vous vous rendez compte que cela aurait pu être beaucoup plus grave ? », interroge la présidente Clotilde Ribet.
« Oui, mais je ne veux pas retourner à Argentan. Si j'y retourne, je me flingue », répond-il.
Stéphanie Perchaud, substitut du procureur, pense aussi que « les conséquences de la course-poursuite auraient pu être dramatiques ». Elle demande quatorze mois de prison ferme avec mandat de dépôt.
Maître Marcel, conseil du prévenu aux 15 condamnations, a tenté d'atténuer cette peine : « sur le plan humain, cette affaire est une catastrophe. Il faut remettre les choses dans le contexte ».
« Ce jeune, je le connais depuis l'âge de dix ans. Il a été trimballé de famille d'accueil en famille d'accueil. Sa mère l'a mis à la porte.
« C'est un jeune, seul au monde et qui n'a personne à qui parler. En centre de détention, il ne veut pas que je parle de ce qui lui arrive. Mais, il a honte et il a peur », argumente-t-elle.
Le tribunal le condamnera à un an de prison ferme.
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