Laval. Le préfet de la Mayenne, l'homme qui arrêta Yvan Colonna

« Cette affaire a complètement changé ma vie », reconnaît Frédéric Veaux. Le flegmatique préfet de la Mayenne était flic. Le 6 février 1998, le préfet de Corse, Claude Erignac, est assassiné. Quelques semaines plus tard, Frédéric Veaux est nommé à la tête de la police judiciaire d'Ajaccio. 

En avril 1998, il arrive en Corse. Le contexte est très compliqué. Une guerre des polices est ouverte dans l’enquête sur l’assassinat du préfet Erignac. « Tous les élus de l’île avaient un garde du corps. On m’en avait proposé un que j’avais refusé.  Mais, je peux vous dire que lorsqu’une moto doublait ma voiture, je n’étais pas rassuré. J’ai planqué une arme sous mon siège », ajoute-t-il.

L’enquête  avance. Un groupe est identifié. « Un groupuscule nationaliste avait attaqué une gendarmerie à Pietrosella. Ils avaient séquestré des gendarmes, et avaient pris leurs armes. C’est l’une d’elles qui a servi à tuer le préfet. » Les auteurs sont logés. Frédéric Veaux interpelle lui-même, Martin Ottaviani, le chauffeur du commando.

L'arrestation en juillet 2003

En juillet 2003, Frédéric Veaux est appelé d’urgence en Corse. Le Raid sait où se cache Yvan Colonna. Il découvre « un mec ébouriffé, la tête rouge !  L’arrestation a été mouvementée. Il n’a pas de pièce d’identité. Je m’approche, je lui dis : “Je suis Frédéric Veaux, directeur de la DNAT, et vous, vous appelez comment ?” Là, il a un sourire en coin, et avec son accent corse, il me répond : “je suis Yvan Colonna”. »

Le préfet de la Mayenne va rester trois heures en tête à tête avec l’homme le plus recherché de France. « Nous étions tous les deux dans une geôle. A un moment, je le tutoie. Direct, il me reprend : “Pourquoi vous me tutoyez ?”. Je lui réponds : “ Parce que je te trouve sympathique”. Sympathique, le mot est mal choisi pour quelqu’un qui a tué un homme dans le dos. Mais, Yvan Colonna est une personne intelligente », analyse Frédéric Veaux, avec respect.