Mathilde de Montesquiou-Fézansac, fille du contre-amiral, comte Bertrand de Montesquiou-Fézansac et d'Émilie de Pérusse-des-Cars nait à Lorient le 29 juillet 1883. Sa mère hérite en 1882 du château de Hauteville et de son domaine à Charchigné. Émilie et Bertrand meurent respectivement en 1901 et 1902. La famille vit alors à Paris, mais les dépouilles des époux sont inhumés dans la chapelle du cimetière de Charchigné. Encore mineure et orpheline, Mathilde est recueillie par sa tante Hélène Standish, née Pérusse-des-Cars et vit avec elle dans la capitale. Chez sa tante qui tient un salon, elle côtoie des hôtes prestigieux tels que le roi Edouard VII d'Angleterre et la reine Alexandra du Danemark. Très vite, parmi les invités réguliers, elle remarque le compositeur et organiste Charles-Marie Widor qui, pourtant, est de 40 ans son ainé. Nonobstant, les noces ont lieu le 26 avril 1920 à la mairie de Charchigné et dans la chapelle du château. Marcel Proust se souvient de la jeune fille du salon Standish : "Une fille qui avait tant d'admiration pour moi que si elle ne parvenait pas à m'épouser, ne voyait qu'un autre homme à qui se marier : le célèbre organiste Widor." Mais celui-ci meurt en 1937, cinq ans après la tante Hélène. Mathilde, seule, rejoint ce qu'il reste du château de Hauteville, ravagé par un incendie en 1922. C'est alors que commence pour elle une existence dramatique. Réfugiée au château pendant la guerre, elle recueille une cousine religieuse qui semble plus attirée par la vie facile et aisée que par la foi. Mais la nonne est atteinte d'un cancer. Apparait alors une infirmière, Mme Dervo, qui va l'assister jusqu'à sa mort. Très croyante, Mathilde effectue un pèlerinage à Lourdes avec Mme Dervo qui lui présente un ami, l'abbé Labat-Berot, prêtre défroqué. Vers 1950, la santé de Mathilde se dégrade. Dervo et Labat-Berot la soumettent à une virulente pression psychologique telle qu'elle perd une partie de ses facultés mentales. Le couple en profite pour gérer, à son propre avantage, le patrimoine de leur victime dont il éloigne la famille, les amis et jusqu'à la domesticité. Ils finissent par l'inciter à acheter une demeure à Combelle (47). Des voisins témoignent : "Madame Widor semblait séquestrée. Elle venait à la messe à Doulougnac soutenue par l'abbé et l'infirmière. Personne ne pouvait lui parler en tête à tête." Loin des siens, Mathilde Widor meurt dans le Lot-et-Garonne le 11 septembre 1960 et est enterrée au cimetière de Madeillan. À l'ouverture de la succession, les malversations de Dervo et Labat-Berot ainsi que du notaire de Lourdes font l'objet d'une procédure judiciaire. Les héritiers naturels récupèrent une partie du patrimoine dont le château de Hauteville qu'ils vendent rapidement. Plus tard, les restes de Mathilde sont transférés au cimetière de Montmartre puis, enfin, inhumés avec sa famille dans la chapelle familiale du cimetière de Charchigné.
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