Ce mercredi 7 juillet 2021, la cour d'assises de la Mayenne a scellé le sort des deux accusés du meurtre de Laurent Fombertasse, commis à Mayenne le 19 mai 2018.
Maitre Lemoine, avocate de deux sœurs de la victime et d'une de ses filles, a été la première à plaider. Elle a mis l'accent sur le détachement « glacial » des accusés par rapport aux faits. "Il n'y a pas d'émotion physique ou verbale. Ils ont agi dans la satisfaction d'un intérêt immédiat. Elle estimait que son compagnon l'étouffait."
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"Une boucherie"
Me Poulard, avocate de la belle-fille de Laurent Fombertasse, insiste : « l'intention de tuer reste contestée même après trois jours de procès. On ne sait pas non plus le mobile. On a eu plusieurs explications. On ne sait pas laquelle retenir. C'est dur pour les parties civiles. » Ces dernières attendaient effectivement des réponses au cours de ce procès. Réponses qu'elles n'ont pu obtenir.
La violence de la scène a aussi été rappelée par Me Soulard, avocate de la plus jeune fille de la victime.
L'avocate générale, Céline Maigné, fait le constat d'un « immense gâchis ». La difficulté dans ce dossier consiste à déterminer si les accusés ont voulu la mort de Laurent Fombertasse. « Quand on assène autant de coups et de coups de couteau, dans un temps si long, franchement la question de la volonté de tuer ne se pose pas. » Le Ministère public ne croit pas en revanche à une préméditation des faits.
"Sans public, elle aurait peut-être arrêtée"
L'alcoolisme des deux accusés, et la violence déjà connue de la mise en cause sont deux éléments déterminants de ce dossier. « Toutes les scènes de violence commises par madame se font toujours devant un témoin. Elle joue la star. Sans public, elle aurait peut-être arrêtée », lance l'avocate générale avant de faire ses réquisitions.
Elle réclame 16 ans de réclusion criminelle pour l'accusé et 21 ans dont les deux tiers assortis d'une période de sûreté pour la compagne de la victime.
Le conseil du mis en cause s'est attaché à mettre en avant sa vulnérabilité. « Le besoin d'aimer et la nécessité de se sentir aimé peuvent parfois mener à commettre l'irréparable. » Son client « au parcours chaotique », était « amoureux de la compagne de la victime. Quand il se donne en amour, il se donne complètement et il ne voit pas au-delà. Elle a tout fait pour le laisser croire qu'elle l'aimait ». Il n'aurait sorti son couteau que sur l'injonction de sa copine. « Il a été piégé. Elle a voulu rejeter la faute sur lui. Sans elle, il n'aurait jamais commis de tels actes. »
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Caractère fantasque
Me Proust, pour la défense de la compagne du défunt, tente de démontrer que « c'est le dossier de l'amour. Il y a eu de l'amour avant la mort. Oui elle est volage. Oui elle voyait d'autres hommes mais elle aimait profondément Monsieur Fombertasse. » Il réfute le fait qu'elle « soit un démon. Elle a été submergée par ses émotions. » Son caractère fantasque est aussi mis en avant par Me Le Mintier. « Son histoire m'a crevé le cœur. Elle est digne de Zola ou Victor Hugo. » La « pauvreté de ses codes, ses rires enfantins dénotent avec les faits. Mais dans ses attitudes, il n'y a ni provocation, ni affront. Elle présente une cruelle immaturité. » Elle serait ainsi incapable d'avouer l'inavouable. « Elle a été victime d'un raptus, en réaction à des mots perçus comme persécuteurs, blessants et humiliants. Futiles pour nous mais cruellement destructeurs pour elle. Elle avait la conviction délirante d'être persécutée par la victime. »
Le jury a condamné la compagne de la victime à 22 ans de réclusion criminelle dont les 2/3 assortis d'une période de sûreté. Le mis en cause est lui condamné à 16 ans de réclusion criminelle. Un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins de 10 ans est également demandé pour les deux accusés.
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