Selon Interbev, l’interprofession qui rassemble les acteurs de la filière viande bovine, les chiffres d’affaires des grandes et moyennes surfaces ont bondi entre mars 2019 et mars 2020 : + 14 % pour le rayon frais boucherie, + 35 % pour la viande hachée fraîche et + 65 % pour la viande hachée surgelée.
Avant, les prix étaient déjà catastrophiques
Cette viande est majoritairement française. Dans le même temps, les prix payés aux éleveurs ont baissé.
« Moins 11 centimes, par rapport à il y a un mois, souligne Yannick Vallée, représentant viande bovine à la FDSEA de la Mayenne. Déjà que les prix étaient catastrophiques ! »
Les industriels mettent en avant la fermeture des restaurants et des cantines. « Une partie de la consommation s’est reportée », rappelle Yannick Vallée. « Et quand la consommation des particuliers n’est pas là, les industriels nous disent que c’est la loi de l’offre et de la demande et baissent les prix aussi, souligne de son côté Vincent Noël, représentant viande bovine des JA 53. Sans compter que les prix payés par le consommateur n’ont pas baissé. »
« Il faut qu'on arrête de brader nos animaux »
Trop, c’est trop. Les deux syndicats en appellent aux éleveurs : « Il faut qu’on arrête de brader nos animaux », poursuit l’agriculteur installé à Beaulieu-sur-Oudon.
« Les industriels ne doivent pas profiter du Covid pour baisser les prix. C’est vraiment un monde de requins. Ils en profitent pour dire que tout va mal. Quand on est en guerre, il faut se serrer les coudes. La crise sanitaire est déjà douloureuse. Economiquement, c’est une catastrophe. Donnez-nous les moyens de vivre ! », enchaîne de son côté Yannick Vallée.
Sans créer la pénurie, les éleveurs espèrent ainsi faire remonter les cours. Mais ils savent pertinemment que les industriels gagnent du temps. « Ces moins 11 centimes, on va les traîner en mai et juin. Il va falloir attendre septembre pour les récupérer », déplore l’agriculteur de Cossé-le-Vivien, rompu à la mécanique.
« Dans cinq ans, des gens pourraient crever de faim »
Et cela creuse encore la différence entre le prix d’achat et le coût de production. De quoi faire craindre le pire dans quelques années à Yannick Vallée.
« 50 % du cheptel de viande est détenu par des gens de plus de 55 ans. Dans ces conditions financières, personne ne reprendra ces fermes. Et la crise qu’on vit actuellement dans le sanitaire, dans cinq ans, au train où on va, on pourrait la vivre dans l’alimentaire. Des gens pourraient crever de faim si les frontières venaient à être fermées. »
« Si on veut maintenir le bocage, il faut de l’élevage, note aussi Vincent Noël. Plus largement, c’est toute la filière agroalimentaire qui pâtira de la disparition de l’élevage. »
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