Le manque de considération pour les salariés, Catherine Ménager connaît. « Pendant dix-sept ans, j’ai vécu à Paris. J’ai notamment travaillé pendant sept ans dans le hard-discount avec des salariés qu’on jette. » Burn-out.
Alors en revenant en Mayenne il y a trois ans et demi, pour travailler dans le réseau Biocoop, la directrice du magasin de Mayenne aspirait à tout autre chose. « Pour moi, chez Biocoop, l’employé a toute sa place. J’ai d’ailleurs découvert des gens passionnés, des militants. »
« C'est tellement inhumain ! »
Mais les derniers faits la replongent dans le mal-être.
« Le 17 janvier, jour où ma mère décède, j’ai reçu une lettre d’entretien préalable à licenciement, c’était la troisième alors que la procédure de la deuxième n’est même pas terminée. J’ai été choquée, c’est tellement inhumain ! », s’insurge la salariée, en arrêt maladie depuis l’envoi de la deuxième lettre, début décembre.
Elle assure avoir prévenu la direction
Catherine Ménager assure qu’elle avait prévenu la direction de la mort prochaine de sa maman. Elle produit un mail, envoyé à son supérieur direct, en date du 26 août, indiquant que sa maman est très malade.
« Quand la polyclinique a diagnostiqué qu’il ne restait plus que trois mois à vivre à ma mère, j’ai téléphoné à mon responsable, reprend Catherine Ménager. Il m’a répondu “La priorité, c’est la famille”. Et deux, trois semaines après (ndlr : début décembre), je suis convoquée pour licenciement ! »
La défense de Biocoop
« Comment vouliez-vous qu’on sache que sa maman allait mourir ?, répond Delphine Pellerin, la présidente du directoire de Biocoop en Mayenne. Non, nous n’étions pas au courant. Nous, on doit aussi protéger les autres salariés. »
Des faits révélateurs d'autre chose ?
C’est une ancienne salariée qui a contacté notre rédaction pour nous avertir de cette situation. « Je suis choquée, c’est très très dur pour elle ! Je suis révoltée de voir des choses pareilles ! Mais c’est révélateur d’un mode de fonctionnement. » Cette ancienne salariée du pôle administratif assure en avoir fait les frais pendant deux ans. « Ils ont voulu me mettre dehors dès que j’avais 60 ans. Plein de collègues sont partis en burn-out. »
Cette autre salariée, elle, employée au magasin de Mayenne, note aussi le départ de nombreux collègues et l’important turn-over. « C’est vraiment dégueulasse et c’est démesuré. Il n’y avait rien d’urgent, Catherine n’a pas piqué dans la caisse ! »
Quelles valeurs ?
Les faits « extrêmement graves » reprochés en dernier lieu à Catherine Ménager sont d’avoir utilisé son ordinateur alors qu’elle était en arrêt maladie. « J’étais venue utiliser un bon d’achats et mes collègues m’ont dit qu’il fallait que je me batte. J’ai récupéré des mails », reconnaît la directrice de magasin.
« Mais comment une société qui fait de la publicité disant qu’elle a des valeurs pour ses salariés peut agir ainsi ? », s’interroge encore Catherine Ménager. L’enseigne avait déjà connu en novembre 2017 un mouvement social sur la question des conditions de travail. « J’étais la seule cadre à faire grève », conclut Catherine Ménager.
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