Villaines-la-Juhel. Ehpad Les Couleurs de la vie : familles inquiètes, l'ARS inspecte après des plaintes

Depuis plusieurs semaines, l'Ehpad Les couleurs de la vie de Villaines-la-Juhel est au cœur d'une polémique. Des familles de résidents se plaignent de dysfonctionnements dans l'établissement. À la mairie, Jean-Louis Maignan, élu, souhaite que le conseil municipal s'approprie le sujet "à travers le CCAS (centre communal d'action sociale) ou de la commission de vie sociale, parce que ces résidents font partie de la commune".

Plusieurs familles ont fait remonter des difficultés répétées : oublis, matériel cassé, manque d'accompagnement au quotidien. "On oublie de lui mettre son dentier, ses lunettes ou ses appareils auditifs", annonce une famille. D'autres relatent des erreurs de suivi médical avec des prises de médicaments non surveillées ou des repas devenus impossibles faute de dentier. "Une fois, nous l'avons retrouvée à sucer son pain au chocolat parce qu'elle n'avait pas ses dents !" poursuit-elle.

La direction nie toute maltraitance

Malgré des rendez-vous avec des cadres de l'établissement, la situation semble rester coincée. Plusieurs familles ont donc fait appel à l'Agence régionale de santé (ARS). Un dossier complet leur a été transmis à la mi-mai. Mais depuis, "pas de réponse".

Contactée, la direction de l'établissement nie tout manquement. "On ne peut pas parler de mauvais traitement pour des chaussons inversés", déclare Catherine Creuzet, directrice par intérim de l'Ehpad, qui assure que si le problème était plus grave, les familles auraient choisi la voie de la justice pour dénoncer ses faits. Elle rappelle également que l'administration des médicaments fait partie intégrante des missions du personnel infirmier, et qu'il est impossible que des traitements soient laissés au hasard.

Un manque de personnel ?

Cette tension s'est accentuée au printemps dernier lorsque de nombreux salariés se sont retrouvés en arrêt maladie sur la même période, ce qui avait fortement désorganisé le service. L'établissement affirme depuis avoir pris des mesures pour éviter que cela ne se reproduise. Aujourd'hui, l'Ehpad compte 45 aides-soignants et six infirmières. Cette équipe a été renforcée après la fermeture, en urgence, de l'Ehpad de Pré-en-Pail-Saint-Samson en octobre 2024. Vingt-trois résidents, ainsi qu'une partie du personnel, avaient alors été transférés à Villaines-la-Juhel. Une réorganisation qui continue de peser sur la structure.

Alerté, le maire de Villaines-la-Juhel, Daniel Lenoir, se demande si ces critiques ne sont pas le fruit "d'une forme de culpabilité d'avoir laissé son parent à l'Ehpad". Il craint également que cette polémique n'entraîne la fermeture de l'établissement. "J'ai confiance dans la direction de l'Ehpad. Je ne pense pas qu'il se passe de choses graves dans cet établissement, mais je pense que des choses peuvent être améliorées."

Une inspection de l'Ehpad par l'ARS pour clarifier la situation

Une mission d'inspection s'est déroulée à l'Ehpad Les Couleurs de la vie les 25 et 26 septembre, après que plusieurs familles ont alerté sur des anomalies dans la prise en charge de leurs proches. L'Agence régionale de santé (ARS) a réalisé ce contrôle inopiné dans le cadre de son programme de prévention de la maltraitance dans les établissements médico-sociaux. L'inspection a porté sur les conditions d'installation, d'organisation et de fonctionnement de l'établissement, et des entretiens avec le personnel et les familles sont prévus prochainement.

" Le conseil départemental soutient les familles mobilisées et salue l'engagement des soignants qui, malgré des conditions parfois difficiles, font chaque jour preuve de professionnalisme et de dévouement, souligne Jean-François Sallard, conseiller départemental. L'objectif est de permettre à cet établissement de retrouver toute sa place dans l'accompagnement de nos aînés, tout en garantissant aux soignants des conditions de travail valorisantes. Notre seule motivation demeure le bien-être des résidents et la reconnaissance du travail des professionnels. "

"Il faut cesser de dénigrer l'Ehpad"

Daniel Lenoir, président du conseil de surveillance et maire de la commune, réagit également à cette inspection : " L'inspection devait avoir lieu, ce n'est pas le problème, c'est normal. Mais cela fait trois fois que des critiques sont rendues publiques. La médiatisation crée de l'inquiétude et est blessante pour le personnel. Il faut laisser les équipes travailler sereinement. " Il ajoute : " Comme tout le monde, nous faisons face à des difficultés de recrutement et de moyens. J'espère que le contrôle de l'ARS permettra de remettre tout à plat et de clarifier la situation, afin que chacun comprenne qu'il faut cesser de dénigrer l'Ehpad. "