Témoigner de l'insécurité routière sans abreuver les jeunes de chiffres. Tel était l'objectif que s'était fixé Vincent Julé-Parade, avocat au barreau de Paris et victime collatérale d'un accident de la sécurité routière, mardi 7 février lors de son intervention au lycée Don Bosco devant 80 élèves.
L'homme de 33 ans a commencé par raconter aux jeunes sa propre histoire. « A 12 ans, en novembre 1995, ma mère a été renversée par une voiture. Le chauffeur était un père de famille de 48 ans, fortement alcoolisé et disposant d'un permis blanc (autorisation du juge de conduire pour se rendre à son travail, NDLR). » Son père, militaire de carrière, s'est très vite engagé dans la fondation Anne Cellier, du nom d'une jeune parisienne décédée des suites d'un accident de la circulation en 1986. « Pour moi, le chauffard qui a tué ma mère avait forcément une gueule d'assassin. Eh bien non, les gens qui tuent au volant ne sont pas des loubards. Ce sont des gens comme tout le monde que rien ne prédestine à finir devant un tribunal pour ce genre de choses. »
Le ton est donné. Vincent Julé-Parade n'est pas là pour s'apitoyer sur son sort. « J'ai grandi à travers la fondation Anne Cellier. Avec d'autres jeunes dans ma situation nous nous sommes battus pour faire évoluer les choses et réduire le nombre de morts sur les routes. “Sam”, celui qui ne boit pas, est né de ce combat. » De 13 000 morts sur les routes en 1986, on est arrivé à 3 469. « Certains peuvent encore être évités. » C'est ce message que l'avocat du barreau de Paris a voulu faire passer à son auditoire.
A l'évocation du cas de Julie, une jeune fille montée en voiture avec son petit ami alcoolisé et qui a fini tétraplégique après un accident, Vincent Julé-Parade lance : « Qui n'est jamais monté en voiture avec une personne alcoolisée ? Même moi cela m'est arrivé de le faire et pourtant la mort sur les routes a un sens pour moi. Mais on n'ose pas dire non pour ne pas passer pour le rabat-joie de service. N'ayez jamais peur de dire : « Je ne monte pas ». Je l'ai compris avec Julie. Ne subissez jamais le pouvoir du groupe. N'ayez pas peur du jugement qu'on vous porte. N'oubliez jamais qu'il y a des gens qui vous aiment et qui vont souffrir si vous faîtes l'andouille sur la route. »
« Il y a une phrase que j'entends très souvent au tribunal : « Si j'avais su ». En sortant d'ici vous n'aurez plus l'excuse de l'ignorance », a conclu l'avocat. A en croire les expressions sur le visage des lycéens, le message est passé.
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