Edito. Intelligence artificielle : vers un krach ?

Dans le monde de la spéculation financière, le calcul rationnel joue un faible rôle. On peut passer en une journée de l'euphorie à la panique, gagner puis perdre des sommes folles et ruiner, au passage, les petits épargnants. Pourquoi ? Parce qu'on a cru au miracle, avant de s'apercevoir que les données concrètes étaient somme toute fragiles.

Les paris insensés sur les "valeurs technologiques" ne sont pas une nouveauté de l'année. Il y a 25 ans, nous avons connu et subi l'éclatement de la bulle Internet : le krach était survenu après cinq années d'euphorie au cours desquelles des firmes multinationales et diverses entreprises avaient dépensé des sommes fabuleuses pour acheter de jeunes sociétés spécialisées dans le développement du nouveau réseau. Puis on s'aperçut que les profits n'étaient pas au rendez-vous et le krach boursier fut suivi d'une récession économique.

Le même scénario est en train de se reproduire dans le secteur de l'Intelligence artificielle. L'entreprise américaine OpenAI, qui a lancé en 2020 une version de ChatGPT largement diffusée, a multiplié les promesses mirobolantes. Le patron de l'entreprise, Sam Altman, a même annoncé la prochaine arrivée sur le marché d'une Intelligence artificielle dotée d'une " conscience ". Les spéculateurs l'ont pris au sérieux et des centaines de milliards de dollars ont été investis dans le secteur, avec la perspective alléchante de profits fondés sur la suppression de millions d'emplois.

Le lancement de ChatGPT-5 décevant

Cinq ans après le lancement de ChatGPT-3, voici venu le temps du désenchantement. Le lancement de ChatGPT-5, en août dernier, a été décevant et il n'est plus question de créer une " conscience " artificielle. On s'aperçoit aussi que les modèles mis sur le marché multiplient les erreurs factuelles et provoquent des désordres psychiques massifs en raison de l'addiction provoquée par les "compagnes" et "compagnons" artificiels auxquels certains utilisateurs s'adressent désormais, comme des films de science-fiction avaient pu l'anticiper. On constate enfin que les profits sont eux aussi décevants : en moyenne, il faut dépenser 16 dollars pour en gagner un seul.

Cela signifie que la bulle spéculative est déjà formée. Il suffit d'un événement mineur ou d'une rumeur pour qu'elle éclate. Comme au début du siècle, les conséquences seront ravageuses.