Il est arrivé les bras chargés de cartons et de dossiers, s'est installé face aux magistrats et a déclaré ne pas être assisté d'un avocat. L'homme a 37 ans, est originaire du Sri Lanka et s'exprime avec condescendance. Il est au cœur d'une vaste escroquerie internationale liée à la vente de packs de cryptomonnaie.
Derrière lui, six des personnes escroquées sont présentes au tribunal de Laval, jeudi 12 juin. Elles ont toutes perdu des sommes allant de quelques centaines d'euros à 10 000 euros, sans espoir de les récupérer. Au total, 22 victimes se sont constituées parties civiles dans ce dossier, pour un préjudice global de 122 170 euros.
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Une escroquerie mondiale à quatre milliards de gains
Le prévenu est présenté comme l'un des rouages de l'affaire One Life One Coin, une escroquerie mondiale qui aurait touché environ trois millions de personnes pour un gain estimé à quatre milliards de dollars. La dirigeante de ce système est aujourd'hui recherchée par le FBI.
Le système, structuré comme une pyramide, reposait sur un principe de recrutement : les nouveaux arrivants devaient rémunérer les anciens. Mais à la revente, aucun acheteur ne se présentait.
Le prévenu occupait une place importante dans ce réseau, au quatrième niveau sur sept. Il avait obtenu le statut de premier " Diamond " français et figurait sur une photo au bras de la dirigeante disparue. Il organisait des réunions, recrutait des adhérents, liait des contacts personnels et aurait vendu 3 000 packs de cryptomonnaie en percevant des commissions. Il reconnaît avoir perçu 700 000 euros. Pourtant, il se défend : il n'était pas salarié, n'avait aucun contrat avec la société. Il affirme n'avoir jamais fait de promesses ni eu d'intention frauduleuse. " La preuve, je ne me suis jamais enfui ", lance-t-il. Il affirme que " les victimes n'ont pas compris ce qu'il leur a dit ", ce qui fait réagir une plaignante : " On est des cons. " Le trentenaire s'embrouille dans sa défense, se réfère à de nombreux papiers, se prend pour un avocat et tente d'orienter le débat, sans convaincre.
"C'est un marketing de réseau fondé sur une pyramide de Ponzi"
Son casier judiciaire porte une mention pour blanchiment. Il déclare avoir dépensé l'ensemble de ses gains, vit chez ses parents qui lui versent une pension dont il peine à se rappeler le montant. Lors des plaidoiries des parties civiles, Me Eric Cesbron s'interroge : " Il est moins convaincant que lors de ses séminaires... Ce n'est pas un système pour créer de la cryptomonnaie, mais pour délester. " L'avocat doute qu'il ait réellement tout dépensé et s'étonne de la pension familiale.
Le parquet est sévère. Le magistrat dénonce " un individu qui ne regrette rien, dans le déni d'une escroquerie massive. One Life One Coin ne repose sur rien, il n'y a aucune valeur, c'est un marketing de réseau fondé sur une pyramide de Ponzi. " Pour le procureur, le prévenu est " l'ambassadeur en France de gourous internationaux ". Il demande une peine de trois ans de prison avec sursis probatoire et une amende de 50 000 euros. Le prévenu, lui, réclame sa relaxe. L'affaire est mise en délibéré jusqu'au 3 juillet.
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