• Le Président de la République a annoncé la formation de 500 000 demandeurs d'emploi. Cette mesure va-t-elle dans le bon sens ?
Je ne peux que me réjouir que l'emploi soit une priorité réitérée par le gouvernement. Après, est-ce que la méthode utilisée est la bonne ? Je pense que ça répond à une vision simpliste du problème. On sait qu'il y a 500 000 emplois non pourvus en France, alors l'Etat dit “on va former 500 000 chômeurs”. Ça me laisse dubitatif. L'annonce a été faite à la va-vite le 31 décembre sans concertation et maintenant tout le monde s'agite pour mettre en place le plus rapidement cette mesure qui va coûter 2 Mds d'euros qui s'ajoutent aux 30 Mds de la formation professionnelle. En fait on continue de faire un peu plus avec ce qui ne marche pas. Cette politique nationale de l'emploi décidée depuis Paris n'est absolument pas adaptée. La réponse est sur le terrain, localement dans les entreprises.
• Que préconisez-vous ?
Il est essentiel de traiter au moins deux sujets : l'inadéquation entre les besoins des entreprises et les compétences présentes sur le marché et l'accès à l'emploi des jeunes diplômés. Pour y répondre, je préconise la solution préventive du “Placer puis former” pour les demandeurs d'emploi. L'enjeu est la formation professionnelle qui doit répondre aux besoins en compétences des entreprises. Inutile de recréer des dispositifs qui existent déjà. Pour orienter 500 000 demandeurs d'emplois vers des cycles de formation, il faut se poser plusieurs questions : qui décide du contenu ? Comment identifier les besoins actuels des entreprises ? Comment répondre aux besoins futurs ? Et qui financera ce dispositif ?
Il faut inciter les entreprises à recruter des collaborateurs qui ne seraient pas prêts à l'emploi avec des avantages à l'embauche. Cela permettrait à chaque entreprise, individuellement, de former ces nouveaux salariés en fonction de ses besoins. Laissons l'entreprise choisir les organismes de sa filière pour construire les programmes et les parcours qui répondent aux compétences à pourvoir.
• L'apprentissage n'est-il pas une autre solution au problème du chômage ?
Oui, nous devons être beaucoup plus ambitieux pour nos jeunes, qui sont l'avenir de la France. Lors de la campagne présidentielle de 2012, l'apprentissage était une des mesures phares avec la promesse d'atteindre 500 000 apprentis en 2017. On en est loin. L'apprentissage pour tous doit devenir le moyen d'accéder à l'entreprise. Nous pourrons aller au-delà des objectifs annoncés par le Président de la République et atteindre les 800 000 jeunes formés, comme en Allemagne. Cela serait une vraie réponse au statut spécifique du jeune diplômé et reconnaîtrait le temps de travail passé dans l'entreprise en offrant au plus grand nombre de jeunes un accès direct à l'emploi.
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