Ernée. Le tribunal condamne un mari auteur d'agression sexuelle sur sa femme

La présidente laisse entendre que le prévenu aurait pu être poursuivi pour viol et non pour violences et agression sexuelles. La magistrate lui demande d'emblée : "Vous êtes inquiet ?" Il répond : "Ce qui est sur c'est que je l'aime."

C'est lui qui a appelé les gendarmes d'Ernée ce 2 avril 2022 et il leur déclare que sa compagne a tenté de l'étrangler et l'a griffé. Rapidement les policiers découvrent une autre version. La femme l'a griffé pour se défendre alors qu'il essayait de lui imposer une relation sexuelle. Elle refuse : il lui saute dessus et la pousse contre le mur. Elle décide de parler mais il la rattrape et la frappe à la lèvre. Il était fortement alcoolisé et les policiers relèvent par ailleurs des traces de sang sur le mur.

La procureure déplore l'absence de la victime sur le banc des parties civiles. Bien qu'ayant toujours été constante sur l'évocation des violences, l'expert psychiatre la décrit comme ambivalente et alternant entre le désir de divorce et les sentiments qu'elle éprouve encore à l'égard de son mari. Elle éprouve une certaine culpabilité par rapport aux trois enfants du couple qui subissent les violences du papa envers leur maman.

L'homme a 40 ans a du mal à répondre par l'affirmative quand la magistrate lui demande s'il se considère comme violent. Depuis les faits il a cessé la consommation d'alcool et a scrupuleusement respecté le contrôle judiciaire qui lui était imposé. Il travaille à mi-temps afin de conduire ses enfants à l'école.

Des faits "extrêmement graves"

Le Parquet revient sur la correctionnalisation des faits et sur l'ambivalence de la victime qui veut protéger sa famille, sans pour autant revenir sur ses accusations de violences et d'agression sexuelles. La magistrate qualifie les faits "d'extrêmement graves" et relève que le climat de contrainte existe depuis plusieurs années. Maitre Lemoine, pour la défense, essaye d'atténuer le regard porté sur son client en insistant sur son changement d'attitude durant les deux dernières années.

Son casier ne porte mention d'aucune condamnation. Le Tribunal prononce une peine de quatre années de prison dont trois avec un sursis probatoire de 24 mois.

La détention pourra se faire à l'aide d'un bracelet électronique. Aux obligations de travail et de soins, les magistrats ajoutent une interdiction de paraître au domicile et une inscription sur le fichier des auteurs d'infractions sexuelles et violentes.

Le père de famille conserve son autorité parentale sur ses enfants malgré la peine.