Quelle atmosphère pesante pour cette audience qui va durer trois heures et plonger l’auditoire dans l’horreur des violences commises sur une petite fille de 5 ans et demi.
La maman de l’enfant comparait libre, ce jeudi 30 septembre 2021 au tribunal de Laval (Mayenne). Elle a 45 ans, est mère de trois autres enfants qui lui ont été retirés ou bien sont devenus adultes. Elle est sous curatelle et semble parfois avoir des difficultés à comprendre les questions de la magistrate. Les expertises psychiatriques à son égard montrent une indifférence par rapport à ses enfants, elle a du mal à comprendre ce que les autres peuvent ressentir. Elle avoue être "plus tranquille" maintenant qu’elle est seule avec son chien.
Non-dénonciation de mauvais traitements
Ce jeudi 30 septembre, la mère de famille est poursuivie pour non-dénonciation de mauvais traitements, privations, agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur de 15 ans sur la période du 2 janvier 2019 au 28 août 2020 à Renazé et Congrier. Elle répondra par ailleurs des mêmes accusations de violence que son mari.
Son compagnon est pour sa part déjà derrière les barreaux de la prison. À 50 ans, il a 16 mentions à son casier judiciaire et plusieurs séjours en détention mais, comme le soulignera son défenseur, une seule condamnation pour violence. Le prévenu a un problème avec l’alcool et lorsque la présidente insiste sur les violences qu’il a commises, l’homme déclare ne pas s’en souvenir…
Couverte d'ecchymoses et de bosses
Poursuivi pour des faits de violence sur un mineur, il est le beau-père de la jeune victime, qui l’appelle "papa" depuis le récent mariage. Ces délits ont été commis à Renazé et Congrier entre le 25 mars et le 28 août 2020.
C’est la mère du prévenu qui, au cours des entretiens qu’elle a avec l’enfant par webcam, se rend compte de son mauvais état physique. Elle alerte les gendarmes qui vont trouver une petite fille couverte d’ecchymoses et de bosses.
Coups de ceinturon, douches glacées ou bouillantes, coups de fourchette sur les doigts...
Pendant un long et pénible moment, la magistrate va énumérer tous les sévices dont a été victime l’enfant : coups de ceinturon, coups de fourchette sur les doigts, douches glacées ou bouillantes, cailloux dans les chaussures. L’horreur va crescendo lorsque le beau-père explique au tribunal comment il donnait des coups d’antenne TV "pas trop fort pour ne pas couper les doigts de la petite".
Il avoue lui avoir donné un coup de poing qui l’a précipitée sur un meuble et l’a fait saigner, et relate une tentative d’étranglement. Il y a aussi eu ces longues séances de supplice à genoux sur une règle ou un manche a balai, parfois en réveillant l’enfant en pleine nuit. Et ces fois où il lui plongeait la tête dans son vomi "comme pour son chien".
"Il aurait fini par la tuer"
"Vous encourrez jusqu’à dix ans de prison ", lui assène la présidente devant son manque d’empathie. Maitre Morice, représentant la petite victime, essaye de mettre la maman en face de ses responsabilités en n’hésitant pas à parler d’un "calvaire ". Elle ajoute que la victime a été confrontée à des images pornographiques qui posent problème pour son adaptation dans sa famille d’accueil. Elle pose à la maman la terrible question : "Qu’est-ce que cela aurait été la prochaine fois ? " Et la femme finit par confesser : "Il aurait pu la tuer."
Le rôle des avocats de la défense est très difficile dans de telles circonstances. Tout juste peuvent-ils souligner les carences de l’entourage de l’enfant.
Lourdes peines
Fait rare : les magistrats vont aller au-delà des réquisitions du parquet. Le beau-père violent est condamné à cinq années de prison, dont un an avec sursis, auxquelles s’ajoutent deux mois de révocation d’un autre sursis. Il est incarcéré immédiatement.
La mère de famille devra purger 24 mois de prison dont neuf avec sursis. Elle n’aura, bien entendu, plus l’autorité parentale sur sa fille.
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