Vous avez créé l’association Une étoile pour un espoir avec votre maman, Isabelle. Pourquoi ?
Cela fait un moment qu’on y pense. Cela va faire bientôt neuf ans que ma sœur est décédée. Nous avons créé cette association en hommage à ma sœur Julie. La situation qu’on a vécue, d’autres personnes la vivent. Quand on parle à quelqu’un qui a connu le suicide, c’est différent.
Quels sentiments avez-vous eu lorsque les faits sont arrivés ?
On se pose forcément la question : pourquoi ? Et on culpabilise : on se demande si on a manqué quelque chose, pourquoi on n’a pas vu les signes avant que ça arrive. C’est très difficile. Ma sœur était anorexique, on le savait. Je faisais pas mal de choses avec elle pour la booster. Mais la question qu’on se pose alors, c’est : est-ce que j’aurais pu faire plus.
« A 18 ans, on n'est pas forcément prêt à parler à un professionnel »
Avez-vous pu échanger avec des personnes à ce moment-là ?
Non, justement. J’aurais bien aimé pouvoir discuter avec des gens qui ont vécu aussi le suicide d’un proche, mais je n’ai pas eu ça. J’en parlais un peu avec des amies, mais c’est tout. Et, à l’époque, j’avais 18 ans. Je n’ai pas voulu rencontrer de psychologue. A cet âge-là, on n’est pas forcément prêt à parler à un professionnel. Au contraire, je me suis renfermée sur moi-même. J’ai accumulé douleur, tristesse, colère.
A qui s’adresse votre association ?
Une étoile pour un espoir vise toutes les personnes concernées directement ou indirectement par le suicide. On peut aussi échanger avec des gens qui se rendent compte que quelqu’un dans leur entourage est en mal-être mais qui ne savent pas quoi faire. Et on peut écouter toute personne qui ne va pas bien et qui a besoin d’être écoutée.
Libérer la parole, c'est important
Quelle forme ces échanges vont-ils prendre ?
Libérer la parole, c’est important. Notre première idée, c’est de lancer un groupe de discussion en faisant intervenir des professionnels. Ce rendez-vous serait récurrent, plutôt sur Laval. Nous pensons que le groupe ne doit pas dépasser les dix, quinze personnes. Au besoin, nous créerons plusieurs groupes. Les gens pourront parler, mais ceux qui veulent écouter sans parler pourront venir aussi. Après, nous allons nous adapter aux demandes des gens. En dehors des groupes de discussion, nous sommes prêtes aussi à discuter avec toute personne qui aurait besoin de notre aide.
Différentes lignes téléphoniques nationales existent déjà sur le sujet. Que va apporter votre groupe de parole ?
Ce n’est pas pareil de discuter par téléphone ou de vive voix. Moi, par exemple, je ne suis pas à l’aise au téléphone. Et puis, à distance, ce n’est pas facile de voir ce que la personne ressent au fond d’elle.
« C'est important de sensibiliser le personnel de l'éducation »
Vous envisagez aussi d’intervenir dans les établissements scolaires. Pourquoi ?
Oui, nous ciblons particulièrement le collège. Ma sœur allait avoir 16 ans quand elle s’est suicidée. Souvent, ça commence à ce moment-là. Au-delà du collège, nous pensons qu’il est important de sensibiliser le personnel de l’éducation.
Recherchez-vous des bénévoles ?
Oui. Ces personnes pourraient nous aider à organiser la mise en place des groupes de discussion. Des bénévoles pourraient aussi nous aider à contacter les établissements scolaires.
Informations pratiques
Une étoile pour un espoir, tél. 06 16 89 84 08 ou la page facebook. Il est aussi possible de contacter Claire Kerhousse par mail à claire-kerhousse@orange.fr.
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