En 30 ans, c'est la troisième fois que les Assises de la Mayenne jugent un vol avec violences ayant entraîné la mort. « Cela montre le côté particulier de l'affaire », affirme l'avocat général Guirec Le Bras. Jeudi 24 mai, c'est le dernier jour du procès de Christophe et Valentin, jugés pour une agression mortelle à Evron le 29 décembre 2015.
Les deux premiers jours du procès ont été consacrés aux personnalités des accusés et aux faits. Ce jeudi, les avocats rendent leurs conclusions. Comme maître Isabelle Girard, avocate des trois enfants de la victime, Jeanne Gagnant, décédée à l'âge de 77 ans. « Il n'y a pas une victime, il y a des victimes, estime l'avocate. Christophe nous a dit qu'il avait eu peur parce que ça ne s'était pas passé comme prévu. Mais madame Gagnant, imaginez sa douleur, son angoisse d'être seule dans cette ruelle, blessée. Elle avait encore de très belles années à vivre, ses années lui ont été prises pour quelques tickets restaurant. »
L'influence de Valentin sur Christophe
« Jeanne Gagnant, c'était une vie modeste à mon sens. Une vie simple, avec ses souffrances. Toutes les vies ont leurs souffrances, les accusés n'en ont pas le monopole », déclare l'avocat général Guirec Le Bras. Ce dernier retient l'influence de Valentin sur Christophe : « Ses propos ont été l'élément déclencheur. Ils sont un ordre et il est donc complice du vol. » Quant à Christophe, « il n'était pas dans un acte d'impulsivité. Il pouvait s'exonérer, partir. Il ne l'a pas fait, il a choisi ».
Guirec Le Bras requiert douze ans de réclusion pour Christophe, accusé de vol avec violences ayant entraîné la mort, six ans pour Valentin, jugé pour complicité et recel.
« Il met tout en échec »
Pour la défense, maître Eric Guyot, avocat de Valentin, est le premier à prendre la parole. Sur les faits de complicité, il plaide la relaxe. « La pression, je ne la vois pas. Elle n'est pas caractérisée au sens pénal du terme. On ne peut pas dire non plus qu'il y a eu des ordres. Quand quelqu'un est hébergé, il semble assez logique qu'il participe aux charges. Ses propos ont été tenus sans penser que l'autre le prendrait au mot. »
Maître Bénédicte Allamand est l'avocate de Christophe. Elle ne souhaite pas « contester la responsabilité » de son client mais dresse le portrait de celui qu'elle connaît depuis ses dix ans. « C'est un individu qui s'est construit dans une façon de vivre où il n'a aucun repère. Il met tout en échec, ça veut dire qu'il souffre, qu'il a besoin d'aide, qu'il cherche la limite. Ma conviction est faite : il n'y a pas pensé tout seul, il n'a jamais eu l'intention de tuer cette femme. »
Lors d'une dernière prise de parole, les deux accusés ont présenté leurs excuses à la famille. La Cour condamne Christophe à douze ans de réclusion criminelle. Valentin écope de six ans.
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