Visage taillé à coupe de serpe, le petit homme fluet de 55 ans, dans le box, a troqué ses deux orthèses aux poignets pour un bras en écharpe.
Par rapport à son premier passage au tribunal de Laval, le 11 septembre, il n'a plus d'œil au beurre noir, il paraît plus calme, moins agressif.
« Je regrette mon geste. J'aurai pu tuer des gens. J'ai fait cela dans l'impulsivité », lance le prévenu, ce mercredi 2 octobre 2019, au tribunal de Laval, en comparution immédiate.
Le 4 septembre, ce Fléchois est présenté au juge des libertés du Mans. Ce chômeur, père de trois enfants, est poursuivi pour une nouvelle agression sexuelle sur mineur.
Le magistrat décide de le placer en détention en attendant son procès.
Une balle frôle un greffier
A ce moment, le quinquagénaire s'agite et crie : « J'ai déjà buté des flics, je peux recommencer. »
Le juge veut le faire évacuer. Le prévenu se rebelle, les policiers interviennent.
Dans la confusion, le Fléchois réussit à mettre la main sur l'arme d'un des policiers, toujours dans son étui.
Il appuie sur la détente, une balle frôle un greffier et un avocat, avant de terminer dans une plinthe du bureau du juge.
« Le policier m'a frappé avant. Ils m'ont dit : “On va te tirer dessus.” Forcément, on ne va pas me croire. J'en avais marre que l'on crie autour de moi. Je voulais que tout s'arrête. Je suis un incompris de la justice », explique le prévenu.
Le témoignage du greffier
A la barre, costume bleu marine raccord avec la couleur de ses lunettes, le greffier du Mans, présent dans le bureau, revient sur cette journée.
Des trémolos dans la voix, il est encore très ému : « Il n'y a jamais eu de violence des policiers. Il a lancé au juge : "Tu auras un mort sur la conscience.'' Le magistrat a demandé aux policiers de l'évacuer. Il s'est rebellé. Les policiers n'arrivaient pas à lui mettre les menottes. »
« J'ai entendu un policier crier "Lâche mon arme, lâche mon arme”, puis un coup de feu. Le temps s'est arrêté, je ne savais pas si j'étais blessé ou même mort ».
Des faits similaires en 2011
Le Fléchois, comptant sept mentions à son casier, avait déjà agi de la sorte en 2011 à Chalons-sur-Saône. « Il y a un sentiment de déjà-vu », relate la présidente Sabine Orsel.
Cette fois-ci, il n'avait pas réussi à s'emparer de l'arme du policier, mais avait tenté de s'évader. Un acte qui lui a déjà valu deux ans de prison.
La procureur de la République, Céline Maigné, regrette : « J'avais l'espérance qu'il fasse une avancée. Mais, son raisonnement est toujours le même : il n'a rien fait. Replacez-le dans la même situation, il recommencera la même scène. » Elle demande cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt.
Déjà huit ans de prison pour tentative de meurtre
Durant ce procès, le passé judiciaire de ce titulaire d'un CAP agent de restauration est aussi réapparu.
En 1996, dans le Jura, il est condamné à huit ans de prison. Après avoir abusé sexuellement d'un mineur, il a blessé sa victime, en lui tirant une balle à travers un oreiller.
Il avait pris soin de laisser une lettre, signée de sa victime, pour faire croire à un suicide. Cette version, il la tiendra durant tout le procès, niant les faits.
Quatre ans de prison ferme
Son avocate, maître Forghani, déplore qu'on « le fasse passer pour un monstre, pour un sans-cœur. Au Mans, quand il a entendu parler de détention provisoire, il est entré en transe. Il n'a jamais tenté de viser quelqu'un. »
Le tribunal en juge autrement et le condamne à quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt. Il devra aussi indemniser ses victimes.
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